Pour décrire l’accumulation croissante d’incidents en mer Baltique, chercheurs et responsables politiques ont souvent recours à des termes intentionnellement flous. La région serait confrontée à des «menaces hybrides», à une «agression en zone grise». Le 12 janvier, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a choisi des mots plus directs pour qualifier la situation : «Nous ne sommes pas en guerre. Mais nous ne sommes pas en paix non plus, a-t-il reconnu. Comme nos voisins, la Suède est exposée à des attaques, qui ne sont pas menées par des soldats mais par des ordinateurs, de l’argent, de la désinformation et du sabotage.»
Ce jour-là, Kristersson n’a pas nommé de responsable à ces «phénomènes étranges qui ne cessent de se produire» – des câbles arrachés au fond de la mer aux avions qui doivent se dérouter en vol après avoir perdu leur positionnement GPS – mais toutes les enquêtes pointent vers Moscou. Pendant des décennies, la Russie a placé la Baltique sous son emprise. URSS, Pologne communiste et Allemagne de l’Est contrôlaient une bonne part de ses rivages. Mais avec l’effondrement du bloc soviétique, l’indépendance des pays baltes et l’élargissement de l’Otan – complétée en 2023 et 2024 par