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Libération
Guerre en Ukraine

La Moldavie met en garde contre une menace de coup d’Etat russe

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Prenant au sérieux la menace d’un coup d’Etat russe, la présidente moldave Maia Sandu a annoncé lundi 13 février renforcer les mesures de sécurité de son pays. Le Kremlin nie tout «plan de déstabilisation» du pays.
La présidente de la Moldavie, Maia Sandu à Chisinau, le 10 février. (Aurel Obreja/AP)
publié le 13 février 2023 à 20h18
(mis à jour le 14 février 2023 à 10h38)

Elle craint de «violentes attaques» et des «prises d’otages». Détaillant les projets présumés de Moscou pour renverser le pouvoir pro-européen en place à Chisinau, la présidente moldave Maia Sandu a annoncé un renforcement des mesures de sécurité. «Le plan prévoit des attaques d’édifices étatiques et des prises d’otages par des saboteurs au passé militaire, camouflés en civil», a déclaré Maia Sandu devant la presse.

Au lendemain de cette attaque, le Kremlin nie en bloc et dément tout «plan de déstabilisation de la Moldavie». Le ministère russe des Affaires étrangères soutient que ces affirmations «sont absolument infondées et sans preuves». Et, par la même occasion, accuse l’Ukraine d’être à l’origine de cette «désinformation» pour nourrir les tensions entre Moscou et Chisinau.

Evoquées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles la semaine dernière, ces informations proviennent de documents interceptés par les services secrets ukrainiens. Les renseignements moldaves avaient alors confirmé l’information sans donner de détails, disant avoir «identifié des activités visant à affaiblir et déstabiliser» cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants située entre la Roumanie et l’Ukraine.

«L’objectif est de renverser l’ordre constitutionnel et de remplacer le pouvoir légitime de Chisinau par un pouvoir illégitime», a ajouté ce jour la cheffe d’Etat, en poste depuis décembre 2020. Dans son discours, relayé par le média Moldova Matters, elle évoque les conséquences d’un tel renversement : d’une part l’arrêt du «processus d’intégration européenne» de son pays, d’autre part l’utilisation de la Moldavie «par la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine».

D’après elle, le Kremlin compte sur «l’implication de forces internes» comme le parti de l’oligarque prorusse en fuite Ilan Sor, mais aussi de possibles ressortissants russes, bélarusses, serbes et monténégrins. Dans ce contexte, Maia Sandu a annoncé un projet législatif visant à donner aux procureurs et aux services de renseignements «les instruments nécessaires pour combattre efficacement les risques de sécurité nationale».

Selon Moldova Matters, la diffusion publique de ces informations sensibles par les autorités moldaves pourrait être un moyen «de dissuader les comploteurs et leurs collaborateurs locaux de poursuivre leurs plans».

Missile dans le ciel moldave

La Moldavie, candidate depuis l’été 2022 à l’entrée dans l’Union européenne, traverse les crises depuis le début de la guerre en Ukraine et dénonce depuis plusieurs mois «le chantage énergétique de la Russie», qui a diminué de moitié ses livraisons en gaz. Chisinau doit aussi composer avec la menace de soldats russes et d’un important stock russe de munitions dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie.

Vendredi, le ministère de la Défense a détecté un projectile probablement tiré depuis la mer Noire ayant survolé deux villages dans sa course vers l’Ukraine. L’ambassadeur russe en Moldavie avait été convoqué dans la foulée. Une décision qui visait à protester «contre la violation inacceptable de notre espace aérien par un missile russe», selon un communiqué.

«La sécurité des citoyens et du pays est notre préoccupation principale et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger la paix et l’ordre public. Les tentatives du Kremlin ne réussiront pas», a conclu ce lundi la présidente, épaulée dans cette tâche par un nouveau Premier ministre, Dorin Recean. Après un an et demi aux commandes d’un pays marqué par des turbulences économiques et les contrecoups de la guerre voisine, sa prédécesseure Natalia Gavrilita vient en effet de démissionner il y a trois jours.

Mise à jour : le 14 février à 10 h 38, avec les déclarations du ministère russe des Affaires étrangères.