Les inquiétudes des agriculteurs français au sujet de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, le Marché commun du Sud qui regroupe le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie, résonnent jusqu’au plus haut sommet du Parlement européen. La présidente de l’organe législatif de l’UE situé à Strasbourg, Roberta Metsola, a en effet estimé ce dimanche dans un entretien à la Tribune que le vent de panique qui souffle actuellement sur le secteur agricole français était «légitime». Selon elle, les inquiétudes doivent «être entendues», et «il est crucial de prendre le temps d’y répondre totalement».
«J’ai l’espoir que l’on parvienne à une solution équilibrée qui à la fois protège les intérêts de nos agriculteurs, en particulier dans les branches les plus exposées, et débloque de nouvelles opportunités pour nos entreprises», explique-t-elle. Et de poursuivre : «Nous désengager du commerce international nous priverait d’une occasion d’exporter nos valeurs et nos normes. Si nous ne nous impliquons pas, d’autres le feront à notre place.»
A lire aussi
«Ne pas isoler les Etats membres»
Pour la présidente du Parlement européen, «que l’accord soit scindé ou non, qu’il y ait ou pas un vote à la majorité sur le texte, on ne doit pas isoler des Etats membres. Parce qu’on ne peut pas dire à un pays désemparé par le déclin d’un secteur et qui se sent abandonné : “Désolé, mais on ne vous écoutera pas !”». Une référence à la France, qui, opposée au projet de texte, s’efforce depuis plusieurs semaines de convaincre d’autres pays de l’Union européenne de parvenir à une minorité de blocage pour s’opposer à son adoption.
Les agriculteurs de l’Hexagone ont ainsi relancé leur mobilisation, moins d’un an après une fronde historique, pour protester notamment contre cet accord de libre-échange que la Commission européenne, poussée par des pays comme l’Allemagne et l’Espagne, semble déterminée à signer avant la fin de l’année. A leurs yeux, ce texte entraînerait une concurrence déloyale, avec notamment une déferlante de viande argentine ou brésilienne non soumise aux strictes normes sanitaires et environnementales de l’Union européenne. La classe politique française, dans une rare unanimité, soutient cette opposition. Emmanuel Macron n’a lui aussi eu de cesse de marteler, tout au long d’une tournée en Amérique du Sud, qu’il refusait l’accord «en l’état».