Les journalistes sont toujours dans le collimateur du Kremlin. Entretenant une tradition poutinienne de bâillonnement des médias, le président russe a validé ce mardi 14 novembre un durcissement des conditions pour couvrir les élections dans le pays. Ceci à l’approche du scrutin présidentiel de mars.
Selon le décret publié sur le site du gouvernement, la nouvelle loi va ainsi rendre plus difficile le travail des médias lors des prochaines échéances électorales, sur fond de répression de la société civile en plein conflit en Ukraine – depuis son assaut contre Kyiv, Moscou a encore accru sa répression sur les médias et l’opposition, emprisonnant ou forçant à l’exil les principaux détracteurs de Poutine, mais aussi un grand nombre d’anonymes opposés à la guerre.
Concrètement, les journalistes qui ne sont pas employés par des médias enregistrés ne seront pas autorisés à assister aux réunions des commissions électorales et seuls ceux qui «ont le droit, conformément à la loi», pourront prendre des photos et tourner des vidéos dans les bureaux de vote, est-il indiqué dans le décret.
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Conséquence directe et probable objectif, blogueurs, journalistes indépendants et employés de médias russes travaillant depuis l’étranger ne devraient pas avoir accès au vote ou au dépouillement. Sans surprise, le décret valide aussi la tenue des prochains scrutins dans les régions ukrainiennes annexées en 2022 et où la loi martiale est actuellement en vigueur.
Poutine jusqu’en 2036 ?
L’élection présidentielle russe est fixée à mars. Selon la loi, la date exacte du premier tour devrait être annoncée mi-décembre par les autorités. Vladimir Poutine n’a pas encore annoncé sa candidature, mais il n’y a guère de doutes quant à sa volonté de rester au Kremlin pour six ans de plus. Son porte-parole, Dmitri Peskov, avait indiqué lundi que «le moment de l’annonce approche. Mais il n’y a pas encore de décision». Mi-octobre, il avait assuré que le président russe, au pouvoir depuis 2000, «n’a pas de concurrent en Russie, et il ne peut pas en avoir».
En outre, la Constitution russe a été modifiée en 2020, permettant au dirigeant russe d’effectuer encore deux mandats après celui s’achevant en 2024, et qui devait être son dernier. Vladimir Poutine peut désormais se maintenir au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.