Deux jours avant le grand défilé du 9 mai à Moscou, la tension monte encore d’un cran entre la Russie et l’Ukraine. Le Kremlin a affirmé ce mercredi 7 mai à la mi-journée que «toutes les mesures nécessaires sont prises par les services spéciaux et nos militaires afin que la célébration de la Grande Victoire se déroule dans un climat calme, stable et pacifique». Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a précisé lors de son briefing quotidien la mise en place de «restrictions dans le fonctionnement de l’internet mobile» dans l’optique de «tenir compte de notre voisinage dangereux», une référence claire à l’Ukraine.
Les deux belligérants ont échangé des salves de frappes de drones dans la nuit. Aux premières heures du jour ce mercredi, le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a fait état de neuf appareils abattus alors qu’ils volaient en direction de la ville. Ces attaques ont entraîné la fermeture à deux reprises de l’aéroport international de Chérémétiévo. Au moins 350 vols ont été annulés ou retardés dans le pays, a annoncé en fin de matinée l’association des tour-opérateurs russes.
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A Kyiv, des débris d’engin abattu par la défense ukrainienne sont tombés sur un immeuble de cinq étages, provoquant un incendie qui a tué deux habitants, a annoncé le maire Vitali Klitschko. Huit personnes, dont quatre enfants, ont été blessées et trois ont été hospitalisées. La ville de Zaporijjia (sud) a également été attaquée par 13 drones russes durant la nuit, selon la police qui a fait état de quatre blessés.
En réaction, le président Volodymyr Zelensky a réclamé «une pression considérablement accrue et des sanctions plus sévères» sur la Russie, qui sont le «seul» moyen pour «ouvrir la voie à la diplomatie», selon lui.
Ces échanges de frappes de drones interviennent à l’avant-veille des commémorations de la victoire sur l’Allemagne nazie, auxquelles près d’une trentaine de dirigeants étrangers doivent se rendre. Le grand défilé du 9 mai à Moscou doit être l‘occasion pour Vladimir Poutine de mettre en scène ses relations diplomatiques et sa puissance militaire, notamment avec le Chinois Xi Jinping.
Mais Volodymyr Zelensky a d’ores et déjà prévenu que Kyiv ne pourrait garantir «la sécurité» des dirigeants présents aux cérémonies moscovites. «On ne sait pas ce que la Russie fera. Elle pourrait prendre différentes mesures, comme des incendies, des explosions, et ensuite nous accuser», a avancé le président ukrainien.
«Apaisement des temps modernes»
Un cessez-le-feu de trois jours ordonné unilatéralement par le Kremlin doit par ailleurs entrer en vigueur ce mercredi soir. La manœuvre de Vladimir Poutine a toutefois été rejetée par l’Ukraine, Volodymyr Zelensky dénonçant une «tentative de manipulation» et affirmé qu’il ne «croyait pas» que la Russie respecterait cette trêve.
Après plus de trois ans d’une offensive russe qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de civils et de militaires, Kyiv appelle à un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours avant des négociations avec la Russie - une proposition soutenue par le président américain Donald Trump mais qui a été précédemment rejetée par Vladimir Poutine.
C’est dans ce contexte que l’ancien président des Etats-Unis, Joe Biden, a pris la parole dans une première interview depuis qu’il a quitté la Maison blanche le 20 janvier dernier - il a déjà pris la parole en public mi-avril. Dans un entretien à la BBC diffusé ce mercredi matin, le démocrate a condamné la politique de Donald Trump de pressions exercées sur l’Ukraine, accusant son successeur d’«apaisement des temps modernes» avec la Russie. Une référence à l’attitude conciliante de certaines puissances européennes face à l’Allemagne nazie à la fin des années 1930.