Nier et accuser en retour. C’est la stratégie adoptée, une fois de plus, par la Russie ce lundi 14 avril, après l’attaque meurtrière lancée la veille sur Soumy, dans le nord-est de l’Ukraine, ayant tué 34 civils, dont 2 enfants. Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes avaient utilisé deux missiles balistiques «Iskander» pour cibler «les lieux d’une réunion du commandement» de l’armée ukrainienne, prétendant que 60 soldats auraient été tués lors de ce bombardement.
Le ministère russe a aussi accusé l’Ukraine d’utiliser des civils comme «boucliers humains», «en plaçant des installations militaires ou en organisant des événements auxquels participent des militaires au centre d’une ville densément peuplée». Cette accusation envers l’Ukraine implique que Moscou reconnaît de fait que ce bombardement a touché des civils, même si cela n’est pas formulé clairement.
Reportage
Plus tôt dans la journée, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répété que l’armée russe n’attaquait que des «cibles militaires ou quasi-militaires» en Ukraine. La Russie nie toujours viser des infrastructures civiles en Ukraine, bien que des dizaines de milliers de civils ont été tués ou blessés, selon des observateurs, depuis le début de l’offensive russe en février 2022.
Les missiles russes se sont abattus sur le centre-ville de Soumy le jour du dimanche des Rameaux, date importante du calendrier chrétien. La ville débordait alors de fidèles. Les deux engins, lancés à quelques minutes d’intervalle et à une centaine de mètres d’écart, ont tué au moins 34 personnes, dont 2 enfants, et blessé 117 autres, selon l’Ukraine.
Le président Volodymyr Zelensky a exigé une réponse internationale sévère contre Moscou pour cette attaque un jour de fête religieuse. «Seuls des salauds peuvent faire cela», a lâché le chef d’Etat ukrainien. «La Russie veut exactement ce genre de terreur et prolonge cette guerre. Sans pression sur la Russie, la paix est impossible. Les discussions n’ont jamais arrêté les missiles balistiques et les bombes», a-t-il martelé sur Telegram, accusant Vladimir Poutine d’avoir «ignoré la proposition américaine d’un cessez-le-feu total et inconditionnel».
Pour aller plus loin
La frappe a vivement fait réagir la communauté internationale, Emmanuel Macron déplorant la poursuite de la guerre par la Russie «au mépris des vies humaines, du droit international et des offres diplomatiques du président Trump». Ce dernier a déclaré peu de temps après : «On m’a dit qu’ils avaient fait une erreur, mais je pense que c’est une chose horrible».
Cette offensive s’est produite deux jours après la visite d’un haut-responsable américain en Russie. L’émissaire Steve Witkoff, qui représente l’administration de Donald Trump, avait rencontré vendredi Vladimir Poutine, pour la troisième fois depuis février. Le porte-parole russe Dmitri Peskov a jugé ce lundi que de tels contacts sont «extrêmement utiles et très efficaces». Il a fait l’éloge d’un canal de communication permettant aux dirigeants russe et américain d’échanger directement sur «différents éléments de leurs positions sur toutes sortes de questions». Pour autant, la promesse du président américain de mettre rapidement fin à la guerre semble bien loin.