Fati préfère témoigner à visage découvert. «Je n’ai rien à cacher», balaie-t-il lorsqu’on lui demande s’il préfère rester anonyme. Les traits délicats mais tirés par la fatigue, il est arrivé au bout des recours possibles pour maintenir son asile en Suède, lui, sa compagne et ses trois enfants doivent quitter le pays.
Deux mois plus tôt, l’Office national suédois des migrations les invite à quitter leur logement au sein du village dans lequel ils vivent depuis six ans. Ils ont alors deux options : trouver un toit par leurs propres moyens ou déménager dans un centre de retour volontaire. Faute de permis de travail, Fati n’a d’autre choix que de prendre la route du centre avec «deux sacs par personne», se remémore-t-il des instructions. Il se retrouve dans la ville de Märsta, banlieue lointaine de la capitale qui jouxte son aéroport, dans un ancien hôtel qui accueille 150 résidents dont 50 enfants selon la Croix-Rouge suédoise. Laissant derrière lui ses amis, l’école de ses enfants et dix années de petites acquisitions que la famille a pu se permettre. «Tout ce qui nous reste tient dans ces caisses en plastique», montre Fati en tirant un cube transparent glissé sous un lit.
10 138 permis de séjour révoqués
En mars, la ministre de l’Immigration, Maria Malm