Les proches de Trump font une nouvelle fois irruption dans la politique européenne. Son vice-président J.D. Vance et son chef de la diplomatie Marco Rubio s’en sont pris vendredi 2 mai au soir à la décision des autorités allemandes de classer le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) «extrémiste de droite».
«L’AfD est le parti le plus populaire d’Allemagne, et de loin le plus représentatif de l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, les bureaucrates tentent de le détruire», a fustigé le vice-président américain JD Vance. Or, a-t-il relevé dans une publication sur le réseau X, «l’Occident a abattu le mur de Berlin ensemble. Il a été reconstruit, non pas par les Soviétiques ou les Russes, mais par l’establishment allemand».
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Créé en 2013, l’AfD a effectué une percée historique aux élections législatives du 23 février, en arrivant deuxième derrière les conservateurs avec un score de plus de 20 %, le double du précédent. Dans les régions qui formaient autrefois la République démocratique d’Allemagne (RDA) communiste, l’AfD l’a emporté dans la quasi-totalité des circonscriptions.
Avant JD Vance, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio avait aussi dénoncé une «tyrannie déguisée» en Allemagne et appelé les autorités à faire «marche arrière».
Le ministère allemand des Affaires étrangères a aussitôt répliqué en disant, en anglais, que «c’est ça la démocratie». «Notre histoire nous a appris qu’il faut arrêter l’extrémisme de droite», claire référence au passé nazi de l’Allemagne.
«Pas compatible avec l’ordre démocratique»
L’Office de protection de la Constitution, l’un des services du renseignement intérieur allemand, a justifié plus tôt vendredi dans un communiqué son verdict, soulignant que l’idéologie de l’AfD «dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine», ce qui n’est «pas compatible avec l’ordre démocratique» du pays.
Cette décision relance le débat sur l’éventuelle interdiction de ce parti à quelques jours de l’investiture du conservateur Friedrich Merz au poste de chancelier.
«Ce qui est vraiment extrémiste, ce n’est pas la populaire AfD - qui est arrivée en deuxième position lors des dernières élections - mais plutôt les politiques d’immigration à frontières ouvertes de l’establishment, auxquelles l’AfD s’oppose», a estimé pour sa part Marco Rubio.
Interview
Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump s’immisce dans la politique allemande, provoquant la colère de Berlin. Le vice-président américain avait déjà consterné les Allemands et, plus généralement, les Européens, lors d’un discours à Munich en février dans lequel il avait affirmé que la liberté d’expression «reculait» en Europe. Il avait aussi plaidé pour la fin du «cordon sanitaire» autour de ce parti, et s’était entretenu avec la chef de l’AfD Alice Weidel.
Lors de la campagne électorale, le milliardaire Elon Musk avait pour sa part appelé les partisans de l’extrême droite allemande à être «fiers d’être allemands», en pleine polémique après son salut nazi dans la foulée de l’investiture de Donald Trump. Le 21 décembre 2024, Elon Musk avait officiellement déclaré sur X son soutien à la formation d’extrême droite allemande en écrivant : «seule l’AfD peut sauver l’Allemagne».
La formation politique rêve de prendre le pouvoir à l’issue des prochaines législatives, en 2029.