Menu
Libération
Disparition

Mort de Ricardo Bofill, architecte «mal compris»

Article réservé aux abonnés
Le Catalan, qui a signé de nombreux projets partout dans le monde, est mort vendredi du Covid-19, à 82 ans. Il laisse derrière lui une œuvre majeure mais décriée en France.
Ricardo Bofill se décrivait comme un «amoureux de l’architecture vernaculaire, de la grande tradition urbaine française, de l’Italie de la Renaissance, du gratte-ciel», dans un article du «Figaro», en 1993. (Paco Elvira/Getty Images)
publié le 14 janvier 2022 à 15h58

Critiqué pour ses réalisations monumentales, moqué pour sa prédilection pour un style néoclassique qui a souvent mal vieilli – voir le quartier Antigone à Montpellier, la place de la Catalogne à Paris ou les Espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis –, Ricardo Bofill, mort vendredi à 82 ans des suites du Covid, aura-t-il eu raison trop tôt? «C’est un architecte important dans son siècle mais le travail qu’il a fait en France est souvent mal compris», estime Philippe Chiambaretta, qui a travaillé dix ans pour le cabinet Ricardo Bofill Taller de Arquitectura avant de monter sa propre agence à Paris. «Il a été l’un des premiers à s’élever contre la domination de l’urbanisme moderne, qui consistait à édifier des barres et des tours sans se préoccuper des rues, des places et de l’espace public.» A ces grands ensembles verticaux qui poussent dru au milieu des champs, Ricardo Bofill «a essayé de donner une forme différente, du relief, des courbes, en y ajoutant des balcons, des coursives, mais cela reste du grand ensemble», nuance l’architecte. Surtout, ce Catalan marqué à gauche, expulsé à 19 ans de l’Ecole d’architecture de Barcelone pour son engagement antifranquiste, pâtit du rejet du style néoclassique en France, associé à l’Allemagne nazie et à l’architecte Albert Speer. Un comble pour cet homme dont la mère, née Lévi, est une juive vénitienne.

Les Espaces d’Abraxas, sinistre forteresse HLM aujourd’hui en déshérence, «ne sa