Il y a un an, l’armée russe entrait en Ukraine par trois axes pour ce qu’elle pensait être une Blitzkrieg de quelques jours. «L’opération spéciale» s’est vite embourbée, confrontée à la résistance ukrainienne dopée par les armes occidentales et à ses propres erreurs, tactiques comme logistiques. L’invasion rapide s’est transformée en guerre d’attrition, mais les difficultés russes demeurent, explique Vincent Tourret, doctorant à l’université du Québec à Montréal et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.
Dans quel état est l’armée russe après un an de guerre à haute intensité ?
Il faut comprendre que l’armée entrée en Ukraine le 24 février 2022 a disparu. Les hommes qui la constituaient sont pour la plupart morts ou blessés. Les corps d’élite comme les VDV [les troupes aéroportées] et l’infanterie de marine ont été décimés. Début 2022, la force de l’armée russe reposait sur sa puissance de feu. Pendant dix ans, son parc d’artillerie, ses missiles et ses drones avaient été améliorés, comme son système de coordination des feux. Ce schéma n’est plus fonctionnel aujourd’hui, les Russes ont perdu leurs meilleures unités d’artillerie et d’importants stocks de munitions ont été détruits. C’est une armée en régression technologique.
Comment Moscou s’est-il adapté à cette nouvelle donne ?
En levant des hommes. Une nouvelle armée est en train d’apparaître depuis la mobilisation de septembre. Elle remplace les obus par les hommes. Comme la puiss