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Libération
Caucase

L’Arménie et l’Azerbaïdjan promettent des «mesures» pour normaliser leurs relations

Trois mois après le conflit dans le Haut-Karabakh, les deux pays du Caucase ont fait un pas vers un accord de paix. Une annonce saluée par Bruxelles et Washington.
Un soldat azéri le 3 octobre près du village de Mukhtar (Mkhitarashen an arménien) reconquis par Bakou ces derniers mois. (Emmanuel Dunand/AFP)
publié le 8 décembre 2023 à 8h16

Un premier pour une sortie d’une crise ? L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont promis jeudi «des mesures concrètes» pour apaiser leurs relations très tendues, une annonce saluée aussi bien à Bruxelles qu’à Washington, après trois décennies de conflit pour le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh, reconquise en septembre par Bakou. Une annonce qui intervient alors que ces dernières semaines, les négociations ne progressaient pourtant guère entre ces deux pays du Caucase, malgré l’objectif qu’ils affichaient de signer un accord de paix.

Mais à l’issue, jeudi, de pourparlers entre le cabinet du Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et celui du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, Bakou et Erevan ont diffusé une déclaration commune. Azerbaïdjan et Arménie se sont engagés à prendre «des mesures concrètes visant à renforcer la confiance», selon ce texte, et ont réaffirmé «leur intention de normaliser leurs liens et de signer un accord de paix». Les deux pays «continueront de discuter de mesures pour renforcer la confiance qui seront prises dans un avenir proche et appellent à un soutien de la communauté internationale», toujours d’après ce document.

En signe de bonne volonté, l’Arménie a annoncé retirer sa candidature à l’organisation de la COP29 l’an prochain, et soutenir celle de l’Azerbaïdjan. Les deux pays sont également entendus sur la libération de 32 prisonniers de guerre arméniens, en échange de celle de deux soldats azerbaïdjanais.

Bruxelles salue une «étape clé»

Sur X (ex-Twitter), le président du Conseil européen, Charles Michel, a salué jeudi cette déclaration commune et la libération annoncée de prisonniers, les qualifiant d’«avancée majeure» et d’«ouverture sans précédent dans le dialogue politique». «Les progrès d’aujourd’hui sont une étape clé. J’encourage maintenant les dirigeants à finaliser un accord de paix Arménie-Azerbaïdjan aussi vite que possible», a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis se sont également félicités de cet échange de prisonniers qui «représente une importante mesure de confiance alors que les deux parties travaillent à la finalisation d’un accord de paix et à la normalisation de leurs relations», selon un communiqué du département d’Etat. La diplomatie arménienne a en outre affirmé jeudi avoir répondu «positivement» à une proposition du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, d’organiser une rencontre des ministres arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères à Washington.

Arménie et Azerbaïdjan sont engagés depuis des décennies dans un conflit territorial portant sur la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, que Bakou a reconquise en septembre après une offensive éclair contre les séparatistes arméniens. La quasi-totalité de la population arménienne de la région, plus de 100 000 personnes sur les 120 000 recensées, a depuis fui vers l’Arménie.

La victoire azerbaïdjanaise a marqué la fin d’un différend ayant entraîné deux guerres, l’une au début des années 90, l’autre pendant six semaines à l’automne 2020, qui avaient fait des dizaines de milliers de morts. Des incidents armés ont toujours lieu régulièrement à la frontière entre les deux pays. L’Arménie a par exemple affirmé, lundi, qu’un de ses soldats avait été tué près de la frontière avec l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan.