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Crise

Le Bélarus affirme vouloir rapatrier les migrants coincés à sa frontière

Crise migratoire à la frontière entre le Bélarus et la Polognedossier
Apaisement des tensions entre le Bélarus et la Pologne ? Le président Alexandre Loukachenko affirme, ce lundi, qu’il ne souhaite aucun conflit avec l’Union Européenne sur la question des milliers de migrants massés de son côté de la frontière.
A la frontière entre le Bélarus et la Pologne, au poste frontière de Kuznica, ce lundi. (Oksana Manchuk/AFP)
publié le 15 novembre 2021 à 12h40

Vraie volonté d’apaisement, crainte de probables sanctions de l’Union européenne, tentative de gagner du temps en soufflant le chaud et le froid ? Ce lundi matin, le président bélarusse Alexandre Loukachenko affirme travailler «activement» à faire rentrer chez eux les milliers de migrants campant à la frontière entre son pays et l’Union européenne, tout en soutenant que ces derniers ne souhaitaient pas partir. Le président a également précisé ne pas souhaiter un conflit avec la Pologne du fait de la crise migratoire, alors même que l’UE accuse Minsk d’avoir organisé cet afflux de migrants à sa frontière.

«Nous sommes prêts, comme nous l’avons toujours fait, à les mettre tous dans des avions […] qui les ramèneront à la maison», a-t-il dit, selon l’agence d’Etat Belta. «Un travail actif est en cours pour convaincre ces gens, mais personne ne veut rentrer, a-t-il ajouté. Ces gens, il faut le dire, sont têtus. Ils ne veulent pas rentrer. Il est clair qu’ils n’ont plus où rentrer, plus de domicile, et n’ont rien pour y nourrir leurs enfants.»

Migrants instrumentalisés

Le président Alexandre Loukachenko n’a toutefois donné aucune précision sur les moyens déployés pour «convaincre» les migrants. Coincés entre les forces biélorusses d’un côté, de l’autre les autorités polonaises qui ont décrété l’État d’urgence dans cette zone, ces réfugiés sont en première ligne d’une crise opposant l’Union Européenne à la Biélorussie.

Des milliers de migrants, la plupart originaires du Moyen-Orient, campent depuis plusieurs jours à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, sous des températures glaciales et dans des conditions très difficiles, souvent après un voyage de plusieurs mois sur les routes migratoires. Samedi, un jeune Syrien a été retrouvé mort à la frontière.

Des migrants ont rapporté avoir été obligés par les forces bélarusses de franchir la frontière mais avoir été refoulés par les gardes-frontières polonais, restant alors coincés à la frontière dans des conditions météo de plus en plus difficiles. Le Bélarus est accusé par l’UE d’instrumentaliser ces mouvements migratoires et même de les avoir organisés en délivrant des visas et en affrétant des dizaines de vols par semaine, pour se venger des sanctions occidentales imposées au régime d’Alexandre Loukachenko l’an dernier après la brutale répression d’opposants.

Un vol de rapatriement vers l’Irak jeudi

Ce n’est plus le cas depuis ce week-end. La compagnie aérienne nationale bélarusse Belavia a ainsi annoncé dimanche que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol depuis Dubaï vers le Bélarus. Suite aux pressions des diplomates européens, la Turquie a également interdit aux Irakiens, aux Syriens et aux Yéménites de se rendre au Bélarus. La compagnie syrienne privée Cham Wings Airlines a également interrompu ses vols vers Minsk.

Le gouvernement irakien a annoncé l’organisation, jeudi, d’un premier vol de rapatriement de migrants irakiens coincés à la frontière entre le Bélarus et la Pologne «sur la base du volontariat». «L’Irak effectuera un premier vol pour ceux qui souhaitent rentrer volontairement le 18 de ce mois» depuis le Bélarus, a déclaré Ahmed al-Sahaf, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, à la télévision publique irakienne dans la nuit de dimanche à lundi. Le pays du Golfe «a recensé 571 Irakiens» bloqués à la frontière polono-bélarusse qui se sont dits prêts à regagner «volontairement» l’Irak, a expliqué M. Sahaf.