Qui a tué Hvaldimir ? Objet de tous les fantasmes, le béluga soupçonné d’espionnage pour le compte du Kremlin retrouvé mort fin aût au sud-ouest de la Norvège, a été tué par balles. C’est en tout cas la thèse avancée par Noah et One Whale, deux ONG norvégiennes qui ont annoncé avoir porté plainte mercredi 4 septembre pour que la police norvégienne ouvre une «enquête criminelle» afin de faire la lumière sur la mort de l’animal.
Sur la base d’un rapport d’autopsie préliminaire effectué par l’Institut vétérinaire norvégien et rendu public ce lundi 9 septembre, la police a affirmé que rien n’indiquait que la mort de l’animal était due à une «activité humaine». Laissant plutôt penser que le béluga était mort de faim, elle a décidé ainsi de ne pas ouvrir d’enquête. «Aucun résultat de l’autopsie n’indique que Hvaldimir a été abattu», a précisé un des responsables de la police, Amund Preede Revheim, dans un communiqué. La police fait état de blessures «totalement superficielles».
«L’une des blessures est un peu plus profonde, mais ces dommages n’ont pas affecté d’organes vitaux et ne sont pas de nature mortelle», a-t-elle indiqué. La police n’a pas fourni les causes de la mort de Hvaldimir mais a précisé qu’un bâton de 35 centimètres de longueur et 3 centimètres d’épaisseur s’était logé dans la gueule du cétacé. «L’autopsie a révélé que son estomac était vide. De plus, la plupart des organes étaient dégradés», a ajouté Amund Preede Revheim.
Cétacé blanc décrit comme jeune et bien portant, Hvaldimir a été retrouvé sans vie samedi 31 août au large de la côte à Risavika. Son corps avait été transporté lundi 2 septembre dans une antenne locale de l’Institut vétérinaire norvégien en vue d’une autopsie. Selon une porte-parole de l’Institut, le rapport est attendu «d’ici à trois semaines».
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«Equipment St Petersburg»
C’est samedi, aux alentours de 14 h 30, que l’ONG Marine Mind a retrouvé le cadavre du cétacé. «Rien ne laissait immédiatement transparaître les causes de la mort», a souligné Sebastian Strand, le directeur de l’ONG. «On a vu des marques, mais il est trop tôt pour se prononcer». Selon Strand, certaines marques étaient probablement dues à la prédation d’oiseaux marins, mais d’autres restent à ce stade inexpliquées. «Il avait de multiples blessures par balles sur le corps», a assuré Regina Crosby Haug, la directrice de One Whale, qui a pu voir lundi 2 septembre la dépouille de l’animal. Cette ONG a été spécialement créée pour suivre les mouvements du cétacé, devenu une célébrité en Norvège. «Les blessures de la baleine sont alarmantes et d’une nature qui ne peut exclure un acte criminel. Elles sont choquantes», a de son côté commenté la leader de Noah, Siri Martinsen, avant d’ajouter : «Face à la suspicion d’un acte criminel, il est crucial que la police intervienne rapidement.»
Selon les estimations, le béluga avait entre 15 et 20 ans au moment de sa mort, et faisait 4 mètres et plus de 1 200 kilos. «Hvaldimir», repéré en avril 2019 au large de la région arctique du Finnmark, dans le Grand Nord norvégien, fascinait le public. Découvert avec autour du corps un énigmatique harnais équipé d’un socle pour accueillir une petite caméra avec la mention «Equipment St Petersburg» en anglais sur les sangles en plastique, le cétacé a vite été soupçonné d’être un animal espion venu de la Russie voisine dans une région stratégique en termes de renseignement. Une hypothèse qui lui a valu d’être baptisé Hvaldimir, jeu de mots associant le mot «baleine» (hval, en norvégien) et l’emblématique prénom du maître du Kremlin, Poutine. Face aux spéculations, Moscou est toujours resté silencieux.
Mis à jour : à 15h45 avec les informations de la police norvégienne.