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Trafics

Le bureau moldave d’Interpol au cœur d’un vaste scandale de corruption

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Un schéma de pots-de-vin sans précédent, impliquant des fonctionnaires à Chisinau et visant à faire obtenir un statut de réfugié politique à des criminels, a été mis au jour. La Moldavie ne serait qu’un des pays concernés.
Au siège d'Interpol, à Lyon, le 5 septembre 2023. (Olivier Chassignole /AFP)
par Maria Gerth-Niculescu, correspondante à Chisinau
publié le 14 juin 2024 à 18h57

Plusieurs millions d’euros de pots-de-vin, versés par des criminels français, russes, ukrainiens ou encore chinois à des hauts fonctionnaires moldaves entre 2022 et 2024, pour échapper à des demandes d’extradition : ce scandale de corruption visant le bureau de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) en Moldavie, partiellement dévoilé le 4 juin, revêt des airs de roman policier.

Des dizaines de criminels auraient bénéficié d’un schéma de corruption pour bloquer des notices rouges diffusées par Interpol, qui permettent d’extrader des criminels fugitifs à la suite d’une demande formulée par un pays membre sur la base d’un mandat d’arrêt. L’enquête conjointe a été ouverte par le Parquet national financier français après un signalement de l’organisation elle-même. Y participent aussi le Parquet anticorruption moldave et les services de police et de renseignement américains et britanniques. «Le principe est de faire obtenir à des fugitifs un statut de demandeur d’asile ou de réfugié politique, puisque le motif politique est susceptible de faire obstacle à un processus d’extradition, et donc à une notice rouge», explique le Procureur de la République financier, Jean-François Bohnert.

«Des fonctionnaires publics directement impliqués»

«Nous avons rapidement constaté que la plupart des criminels ayant déposé u