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Prison

Russie : le chercheur français Laurent Vinatier de nouveau devant la justice pour des accusations d’«espionnage»

Ce spécialiste de l’espace post-soviétique, déjà condamné à trois ans de prison en Russie, doit comparaître lundi devant un tribunal de Moscou pour des accusations d’«espionnage», ce qui laisse présager une prolongation de sa peine.
Laurent Vinatier durant une audience le 16 septembre 2024. (Alexander Nemenov/AFP)
publié aujourd'hui à 13h40

Le chercheur français Laurent Vinatier n’est pas au bout de ses peines. Déjà condamné à trois ans de prison en Russie, il doit de nouveau comparaître lundi 25 août devant un tribunal de Moscou. L’audience dans cette nouvelle affaire doit se dérouler à huis clos et concerne une enquête pour «espionnage» lancée à son encontre, a confirmé Anastassia Pychkina, porte-parole du tribunal de Lefortovo, dans la banlieue de la capitale russe. Il n’est toutefois pas possible de savoir dans l’immédiat si Laurent Vinatier a été inculpé ou non pour ces accusations et aucune accusation spécifique n’a été dévoilée par les enquêteurs ou le Parquet.

Incarcéré depuis juin 2024, ce chercheur spécialiste de l’espace post-soviétique était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s’agissant de l’Ukraine. Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu’«agent de l’étranger», un label utilisé par les autorités russes pour réprimer leurs détracteurs.

«Rien de bien, rien de positif»

Les nouvelles accusations d’espionnage le visant sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. «Connaissant le gouvernement russe on n’a pas été étonné qu’ils le poursuivent à nouveau, qu’ils trouvent encore des choses à lui reprocher», a déclaré à l’AFP la mère du chercheur français, Brigitte Vinatier.

Se disant «prise de court» par ces nouvelles accusations, Brigitte Vinatier a dit ne s’attendre «à rien de bien, à rien de positif». «Les autorités françaises ont réclamé des nouvelles et des informations tout le temps avec un manque de réponses de la part des autorités russes qui leur ont dit simplement qu’elles seraient prévenues en temps voulu», a-t-elle indiqué.

Selon elle, son fils a été transféré récemment à la prison moscovite de Lefortovo, notamment connue pour accueillir des détenus visés par des affaires à résonance politique. Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l’assaut russe contre l’Ukraine lancé en 2022 et les sanctions qui ont suivi.

Lors de son premier procès en octobre, Laurent Vinatier avait été reconnu coupable d’avoir manqué à son obligation de s’enregistrer sous le label d’«agent de l’étranger», alors même qu’il collectait des «informations dans le domaine des activités militaires» pouvant être «utilisées contre la sécurité» de la Russie. L’intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l’ignorance. Il s’est également excusé, espérant l’indulgence de la justice.

Actes de déstabilisation et de désinformation

Selon des sources interrogées par l’AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu’à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays.

Cette nouvelle affaire survient après une série d’actes de déstabilisation et de désinformation imputées à la Russie sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l’Ukraine ou encore de censurer les médias russes. La semaine dernière, alors que les efforts diplomatiques s’intensifiaient pour tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, le président français, Emmanuel Macron, avait qualifié son homologue russe, Vladimir Poutine, d’«ogre à nos portes» et de «prédateur» qui «ne veut pas la paix».