La dépouille d’Alexeï Navalny, que ses proches réclamaient depuis plus d’une semaine, a été remise à sa mère, a indiqué, ce samedi 24 février, la porte-parole de l’opposant russe. «Le corps d’Alexeï a été remis à sa mère», a écrit Kira Iarmich sur X (ex-Twitter), ajoutant ne pas savoir encore si «les autorités empêcheront [les obsèques] de se dérouler comme la famille le souhaite et comme Alexeï le mérite».
Alexey's body was handed over to his mother. Many thanks to all those who demanded this with us.
— Кира Ярмыш (@Kira_Yarmysh) February 24, 2024
Lyudmila Ivanovna is still in Salekhard. The funeral is still pending. We do not know if the authorities will interfere to carry it out as the family wants and as Alexey deserves. We…
Alexeï Navalny est le dernier d’une longue liste d’opposants morts pour avoir osé s’opposer à Vladimir Poutine. A 47 ans, l’ennemi numéro 1 du chef du Kremlin est décédé vendredi 16 février dans la colonie pénitentiaire n°3 de Kharp, au nord du cercle polaire arctique, l’une des plus rudes du système carcéral russe, où il était incarcéré depuis janvier 2021.
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L’annonce intervient après une semaine de bras de fer entre les proches d’Alexeï Navalny et les autorités russes pour pouvoir accéder à la dépouille de l’opposant. Jeudi, sa mère, Lioudmila Navalnaïa, annonçait dans une vidéo avoir enfin pu voir le corps de son fils, mais déplorait que l’administration pénitentiaire ait refusé de lui remettre. Elle dénonçait un «chantage» des autorités russes pour que son fils soit enterré en catimini, sans qu’un hommage en bonne et due forme puisse lui être rendu.
La question des obsèques toujours en suspens
Kira Iarmich dit d’ailleurs ce samedi ne pas savoir si «les autorités empêcheront (les obsèques) de se dérouler comme la famille le souhaite et comme Alexeï le mérite», alors que dans la matinée Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre depuis l’étranger le combat de son mari, accusait le président russe Vladimir Poutine d’empêcher la remise du corps à la famille.
Si les obsèques devaient être publiques elles risqueraient de mobiliser ses partisans en nombre, et d’être gênantes pour le régime de Vladimir Poutine, qui se prépare à un nouveau sacre lors d’un scrutin présidentiel prévu du 15 au 17 mars.
Les circonstances du décès d’Alexeï Navalny, qui a ému à travers le monde, restent floues. Selon les services pénitentiaires russes, il est mort après un soudain malaise «après une promenade». L’équipe de l’opposant affirme que le certificat de décès évoque une cause «naturelle», une version officielle qu’elle rejette, appelant les policiers, militaires ou membres des services de sécurité, à leur communiquer toute information sur le «meurtre» de Navalny. En échange, «nous promettons une récompense de 20 000 euros et l’organisation de votre départ du pays, si vous le souhaitez».
Plusieurs pays occidentaux, révoltés par la mort d’Alexeï Navalny, ont accusé le président russe Vladimir Poutine d’en être responsable. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau a même semblé samedi accuser le président Poutine d’assassinat. «Poutine prétend être puissant, mais les dirigeants vraiment puissants n’assassinent pas leurs opposants», a-t-il dit à Kyiv, lors d’une conférence de presse avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion russe.
Le maître du Kremlin n’a pas réagi à la mort de son principal détracteur, qui avait survécu miraculeusement à un empoisonnement en 2020 dont il accusait déjà Vladimir Poutine, malgré ses dénégations. Les multiples procès qui avaient été intentés à l’opposant avaient été largement dénoncés comme étant politiques et une manière de le punir.