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Reportage

«Le dialogue est rompu» : en Estonie, les russophones à l’ère du soupçon

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Très divisée sur la guerre en Ukraine, l’importante population russophone suscite la méfiance dans le pays. Pour rapprocher les communautés, le gouvernement prévoit de mettre fin au système d’enseignement en russe.
Deux opposants à Vladimir Poutine devant l'ambassade de Russie de Tallinn (Estonie), le jour de l'élection présidentielle russe, le 17 mars. (BIRGIT PÜVE/Libération)
publié le 20 mars 2024 à 6h58

C’est jour d’élection russe dimanche 17 mars et deux mondes se font face rue Pikk, dans la vieille ville de Tallinn. Face à la grande porte de l’ambassade de Moscou, sous le drapeau national qui claque insolemment au vent, des opposants à la guerre et au Kremlin discourent devant des portraits d’Alexeï Navalny et des affiches qui réclament plus de chars pour l’Ukraine. Ils sont souvent jeunes et sûrs d’eux. Au micro, ils scandent en chœur et en russe «gloire à l’Ukraine» ou «la Russie sera libre». A quelques mètres à peine, devant l’entrée de service, se tient un autre groupe, plus âgé. Ils forment une longue file silencieuse qui s’enroule presque tout autour du pâté de maisons, sous l’averse de neige mouillée. Eux attendent pour voter aux élections. Pour Vladimir Poutine ou pour l’un des trois autres candidats cooptés par le système.

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