Menu
Libération
Acclamation

Le Français Stéphane Séjourné élu à la présidence du groupe Renew au Parlement européen

Elu mardi soir par les 98 eurodéputés du troisième plus gros groupe parlementaire, ce proche de Macron est parvenu à éviter une bataille fratricide, même si sa candidature ne faisait par l’unanimité.
Stéphane Séjourné à Paris, le 26 mars 2019. (Denis Allard/Libération)
publié le 20 octobre 2021 à 21h09

Stéphane Séjourné a été élu mardi soir par «acclamation», par les 98 eurodéputés du groupe «Renew». Ce proche de la première heure d’Emmanuel Macron, redevenu après son élection au Parlement européen, en juin 2019, conseiller (non rémunéré) du chef de l’Etat et marié au porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a réussi un joli tour de force. Il est parvenu à éviter une bataille fratricide au sein de ce groupe politique charnière – le troisième par ordre d’importance après les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les socialistes de S&D, avec lesquels il forme une majorité – mais sans aucun doute le plus divisé idéologiquement, notamment entre les libéraux nordiques et les Français de La République en marche.

Relais à Bruxelles

D’autant que sa candidature ne faisait pas l’unanimité, loin de là, même s’il présidait la plus grosse délégation nationale (23 élus) au sein de Renew. Certains craignaient qu’il ne soit que le porte-voix d’Emmanuel Macron et d’autres auraient préféré une femme. D’ailleurs, la Néerlandaise Sophie in’t Veld (D66), une grande défenseuse des libertés publiques, s’était portée candidate pour succéder au Roumain Dacian Ciolos qui a préféré consacrer une partie de son temps à la politique intérieure de son pays (pressenti au poste de Premier ministre, il n’a finalement pas obtenu la confiance du Parlement roumain ce mercredi).

En outre, Séjourné ne cachait pas ses ambitions nationales : il se serait bien vu à la tête de LREM à la veille de la présidentielle, comme le lui avait fait miroiter Macron. Mais finalement, ce dernier a préféré, à la veille de la présidence semestrielle tournante du Conseil des ministres européen que la France va exercer à partir du 1er janvier, avoir un homme de confiance à la tête d’un groupe important au Parlement européen, lui qui manque cruellement de relais à Bruxelles. Sans compter que la défaite de la CDU-CSU en Allemagne (et la probable accession au pouvoir des libéraux du FDP, membre de Renew) change totalement la donne politique au sein de l’Union, le PPE n’étant plus au pouvoir dans aucun grand pays… Le moment est donc idéal pour peser davantage, notamment au sein du Parlement, Emmanuel Macron ayant bien l’intention de faire de l’Europe l’un des axes de sa campagne.

Travail «à plein temps»

Finalement, Sophie in’t Veld a rapidement retiré sa candidature, consciente qu’elle n’obtiendrait pas de majorité et que le groupe risquait d’être affaibli en cas de bataille rangée. Dès lors, tout le jeu a été d’éviter un vote, un candidat unique risquant de recueillir moins de voix que Ciolos en 2019 (70 sur 98), ce qui aurait fait mauvais genre. Objectif atteint, le vote par «acclamation» ayant été accepté par les différentes délégations nationales.

Stéphane Séjourné, l’un des deux Français – avec Manon Aubry, coprésidente du petit groupe de la gauche radicale – à présider l’un des sept groupes politiques du Parlement, a immédiatement quitté ses fonctions à l’Elysée et a annoncé qu’il serait «à plein temps à Bruxelles. Je serai le représentant du groupe, et plus de la délégation française, encore moins le conseiller du Président».