Viktor Orbán s’est trouvé un opposant qu’il n’avait pas vu venir. Mardi, Péter Gulácsi a partagé une photo sur Facebook aux côtés de sa femme, dessins de trois petits personnages sur la paume de la main. La publication est accompagnée des mots «A család az család» («la famille c’est la famille»), slogan utilisé par les militants LGBT+ qui manifestent en Hongrie pour que les couples de même sexe puissent adopter des enfants. Car depuis une loi introduite par le Premier ministre en décembre, seuls les couples mariés peuvent adopter, ce qui exclut de fait les homosexuels qui n’ont pas le droit de s’unir légalement dans le pays.
Pour le gardien hongrois, cette nouvelle restriction imposée aux membres de la communauté LGBT+ a visiblement été celle de trop, après des années d’attaques répétées de la part de Viktor Orbán au motif de la défense des «valeurs chrétiennes traditionnelles». Le joueur du RB Leipzig, en Allemagne, qui a déjà porté à 36 reprises le maillot de la sélection hongroise, a donc tenu à rappeler sur Facebook que «tout le monde a le droit à l’égalité». Exilé à l’étranger depuis une quinzaine d’années pour exercer son métier, il assure que ses expériences au travers de l’Europe lui ont appris qu’il n’y a rien de plus important que «l’amour, l’acceptation et la tolérance» : «Chaque enfant a le droit de grandir dans une famille heureuse, quel que soit le sexe, la couleur ou la religion de ses parents.»
Prise de position «courageuse»
La publication de Péter Gulácsi contre le parti au pouvoir a fait beaucoup réagir dans son pays. Sous son post – commenté plus de 14 000 fois –, se partagent messages de soutien et insultes homophobes, preuve que la question des personnes LGBT+ est centrale dans le débat public hongrois. La presse nationale d’opinion est tout aussi divisée et commente l’action du gardien de Leipzig, comme le rapporte Courrier International. Le portail 444.hu, site opposé au régime, salue une prise de position «courageuse» alors que depuis la prise de pouvoir d’Orbán «presque aucun sportif n’a affiché de désaccord avec l’exécutif». Pour Pesti Srácok, site d’opinion ultraconservateur, sa publication est au contraire scandaleuse : «Pourquoi commets-tu cela, Péter ? Ce n’est pas de l’humanité mais un attentat contre nos enfants.»
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Si Péter Gulácsi est l’un des rares footballeurs hongrois, avec l’ancien international János Hrutka, à dénoncer les lois homophobes du Fidesz, sa prise de parole s’inscrit en revanche en Allemagne dans une campagne de lutte contre les discriminations anti-LGBT+. La semaine dernière, à l’appel du magazine 11Freunde, plus de 800 joueurs ont ainsi cosigné une déclaration commune pour soutenir les footballeurs homosexuels. En mai 2019, le champion du monde Français Antoine Griezmann avait, lui, dénoncé en une du magazine Têtu le poids de l’homophobie dans le milieu du ballon rond.