Grosse déconvenue pour le militant engagé dans la protection des baleines. L’asile politique a été refusé par la France au fondateur de l’association Sea Shepherd, Paul Watson, visé par un mandat d’arrêt du Japon, selon une décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) consultée mardi 23 septembre.
Dans cette décision rendue le 9 septembre, l’Ofpra estime que les craintes de cette figure du combat pour la défense des baleines, de nationalité canadienne et américaine, d’être «automatiquement interpellé» en cas de retour au Canada ou aux Etats-Unis sont infondées, s’agissant de «deux démocraties régies par l’Etat de droit».
Une promesse présidentielle
«J’étais confiant lorsque j’ai fait ma demande, je suis allé à l’Ofpra six fois […] mais ils l’ont simplement rejetée», a réagi Paul Watson. «J’étais très surpris, j’étais certain que cela ne poserait pas de problème […] car je suis persécuté par les Japonais depuis des années», a-t-il ajouté.
Lettre
«Je suis déçu mais j’espère que nous pourrons trouver une solution», a-t-il également déclaré, précisant ne pas savoir s’il pouvait obtenir la citoyenneté française grâce à un soutien d’Emmanuel Macron : «Tout ce que je sais, c’est qu’il a dit que ma famille et moi étions en sécurité en France aussi longtemps que nous le voulions. C’est tout ce que j’ai.»
Des risques d’extradition
Paul Watson, 74 ans, a été détenu au Groenland pendant cinq mois l’an dernier, avant que le Danemark ne rejette une demande d’extradition émanant du Japon, qui l’accuse d’être coresponsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier japonais en 2010 dans le cadre d’une campagne menée par l’ONG Sea Shepherd. Il a rejoint la France fin 2024, où il a déposé une demande d’asile en février 2025, selon la décision de rejet.
«A supposer qu’il puisse être interpellé en cas de retour au Canada ou aux Etats-Unis en raison de la volonté de ses deux pays de nationalité de répondre favorablement à une demande d’extradition des autorités japonaises, il n’a fourni aucun élément sérieux permettant de conclure qu’il ne serait pas en mesure de faire valoir ses droits dans le cadre de procédures régulières d’extradition […]», indique l’Ofpra dans sa décision, relate le Parisien.
«Il est toujours en danger»
«La France ne s’honore pas en refusant l’asile politique à Paul Watson», a déclaré son avocat, Emmanuel Ludot. «De dire que ce sont des Etats de droit et qu’il aurait droit à un procès équitable dans ces deux pays est une sottise monumentale», selon lui. «Le Japon maintient son mandat d’arrêt international, donc il est toujours en danger, partout où il peut circuler», selon lui.
En juillet 2025, Interpol a levé une notice rouge le concernant, mais cette mesure «n’est absolument pas une garantie pour lui, pour sa sécurité», a estimé la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali. «Quand Paul risquait sa vie et sa liberté, la France s’est distinguée au niveau international pour lui venir en aide, a-t-elle ajouté. Il paraît cohérent qu’elle devienne officiellement son port d’attache. Ce serait la suite logique du combat qu’elle a mené par sa libération.»