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Libération
Reportage

Le nucléaire français, bouc émissaire des écolos allemands

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Lors de leur congrès à Bonn, les Verts allemands ont accepté de reporter la fermeture de deux centrales à avril pour soutenir la France. Mais ils ne céderont pas sur l’abandon du nucléaire. Un changement de cap signifierait la fin du gouvernement d’Olaf Scholz.
Devant le centre des congrès de Bonn où les Verts allemands étaient réunis ce samedi. (Ina Fassbender/AFP)
par Christophe Bourdoiseau, Envoyé spécial à Bonn
publié le 15 octobre 2022 à 18h58

Tout ça, ils le font pour la France. Ou plutôt à cause de la France. Les écologistes allemands, qui tiennent leur congrès ce week-end à Bonn, ont justifié leur choix d’un report de la sortie du nucléaire par un geste de solidarité européenne dans la production d’électricité, notamment vis-à-vis de la France. «Si nous acceptons de repousser la fermeture de deux centrales, c’est pour aider la France à passer l’hiver sans problème», a ainsi expliqué Florian Zietz, délégué de 21 ans venu de Berlin.

Sur le thème de l’énergie, les intervenants ont tous déploré la situation «désastreuse» dans l’Hexagone. «Toute l’Europe est en train de produire de l’électricité pour approvisionner la France ! Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est la déconfiture de cette énergie sans avenir», a lâché Jürgen Trittin, l’architecte de l’abandon de l’atome en Allemagne, sous les applaudissements nourris des délégués. L’ancien ministre de l’Environnement de Gerhard Schröder estime que les scénarios catastrophes des lobbys nucléaires sont exagérés et qu’un report n’apporterait rien en termes de quantité. Selon lui, c’est surtout «symbolique».

Pour l’actuelle ministre de l’Environnement, Steffi Lemke, si l’Allemagne s’est mise dans une situation de dépendance au gaz russe, la France, elle, se retrouve de son côté «dans une grave dépendance à l’industrie mondiale du nucléaire». «Il n’y a pas de calcul politique de notre part. C’est la réalité. Nous avons une crise