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Le parti d’extrême droite allemand AfD exclu du groupe ID au Parlement européen

Elections européennes 2024 dossier
Cette décision, annoncée ce jeudi 23 mai, fait suite à de multiples scandales impliquant Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD aux élections européennes.
Maximilian Krah, membre du Parlement européen pour le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne et principal candidat de l'AfD aux élections législatives de juin, assiste à un meeting de campagne électorale locale à Dresde, en Allemagne, le 1er mai 2024. (Matthias Rietschel/Reuters)
publié le 23 mai 2024 à 18h29

Le divorce est acté. Ce jeudi 23 mai, le parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD, Alternative pour l’Allemagne) a été exclu du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen – dont fait partie le Rassemblement national (RN) français – à la suite de scandales impliquant l’un de ses responsables, Maximilian Krah, ont annoncé des membres du groupe parlementaire. Neuf élus allemands, dont Maximilian Krah, sont concernés par la mesure d’exclusion. Celle-ci intervient deux jours après l’annonce par le président et tête de liste du RN aux élections européennes de juin, Jordan Bardella, de la rupture de l’alliance entre son parti et l’AfD.

«Le Bureau du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen a décidé aujourd’hui d’exclure la délégation allemande, AfD, avec effet immédiat», a déclaré dans un communiqué la Lega italienne, qui représente la principale délégation du groupe d’extrême droite. «Le groupe ID ne veut plus être associé aux incidents impliquant Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD pour les élections européennes», a-t-elle précisé.

«Toutes les délégations ont été consultées pour la décision dont nous sommes à l’initiative d’exclure la délégation de l’AfD du groupe ID», a détaillé de son côté Jean-Paul Garraud (RN), président de la délégation française. «Cela fait suite aux propos inadmissibles tenus dernièrement par leur tête de liste», dont les «propos engagent à notre sens l’AfD», a-t-il ajouté.

Le parti d’extrême droite allemand a réagi en affirmant «avoir pris note» de la décision du groupe, tout en se disant «optimiste» pour la suite. «L’AfD s’efforcera bien entendu de constituer un groupe fort au Parlement européen, avec une délégation renforcée», a-t-il spécifié, soulignant sa volonté de «collaborer avec des partis voisins».

Soupçons de financements russe et chinois

Depuis plusieurs semaines, Maximilian Krah est devenu embarrassant pour son parti. Le dernier incident en date impliquant l’eurodéputé remonte au week-end dernier. Dans un entretien donné au quotidien italien La Repubblica, il a estimé qu’un SS n’était «pas automatiquement un criminel». Mercredi 22 mai, l’AfD avait donc banni de tout meeting électoral cet avocat de 47 ans, tout en le maintenant comme tête de liste aux élections européennes du 9 juin.

Mais lui avait annoncé le jour même sur X (ex-Twitter) sa décision de renoncer à apparaître dans la campagne pour les élections et de démissionner de son poste au sein du Conseil exécutif fédéral du parti. Dans la journée, le numéro deux de la liste AfD et député du Bundestag, Petr Bystron, avait aussi dit tirer un trait sur la campagne, invoquant auprès d’une radio bavaroise des raisons familiales.

Maximilian Krah est également visé par une enquête préliminaire pour soupçons de financements russe et chinois. L’un de ses assistants au Parlement européen, Jian Guo, se voit reprocher par le parquet fédéral d’avoir espionné pour le compte de Pékin au cœur même de l’institution. Il a été arrêté fin avril.

ID, sixième groupe au Parlement européen

Le groupe ID, présidé par l’Italien Marco Zanni (Lega), regroupait jusque-là 59 eurodéputés, issus de huit pays. Les principales délégations proviennent de la Lega italienne (23 élus) et du RN français (18).

C’est actuellement le sixième groupe au Parlement européen, derrière l’autre famille de la droite nationaliste, les Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui comptent dans leurs rangs Fratelli d’Italia de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Les sondages prédisent une montée en puissance de ces forces, qui pourraient conquérir jusqu’à autour de 37 % des sièges – contre 30 % actuellement – à l’issue des élections.

L’ex-présidente du RN, Marine Le Pen, et Giorgia Meloni ont laissé entrevoir un rapprochement possible à l’issue de ces élections, malgré de profondes divergences. Un rapprochement entre ID et CRE créerait le deuxième plus gros groupe politique à Strasbourg, derrière le Parti populaire européen (PPE, chrétien-démocrate). Mais de telles tentatives d’union se sont jusqu’à présent soldées par des échecs.