Le 20 août, les Hongrois ont fêté la Saint-Etienne, et le rattachement millénaire de leur pays à l’Europe chrétienne. Le lendemain, le gouvernement de Viktor Orbán a jeté des milliers de réfugiés ukrainiens à la rue. Entré en vigueur le 21 août, un nouveau décret prive de logement social les déplacés qui viennent de régions d’Ukraine où il n’y a pas de combats. Ilona fait partie d’un groupe de 127 personnes (dont 80 enfants) expulsées d’un centre d’hébergement à Kocs, village à 70 km au nord-ouest de Budapest. «La police nous a dit : “vous pouvez rester en Hongrie, mais l’Etat ne finance plus votre logement. En revanche, si vous repartez en Ukraine, le train sera gratuit”», raconte la jeune femme rondelette au visage tiré par la fatigue. Mais pas question de retourner en Ukraine pour ces déplacés qui ont décidé de camper devant le centre.
Sur le trottoir, à l’ombre des acacias, entre les poussettes de toutes tailles et les valises, mères et grands-mères bercent les petits. Des enfants jouent à tour de rôle avec un énorme ours en peluche. Pas d’homme dans ce groupe de mères célibataires, veuves ou séparées, qui viennent de Transcarpatie, province hongroise jusqu’en 1920 et aujourd’hui en Ukraine. Une région qui n’est pas touchée par l’invasion russe, selon le gouvernement Orbán, et donc considérée co