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Le Portugal convoque des élections législatives anticipées le 18 mai

Il s’agira des troisièmes élections législatives anticipées du pays en un peu plus de trois ans.
Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, à Lisbonne le 13 mars 2025. (Patricia de Melo Moreira/AFP)
publié le 13 mars 2025 à 22h06

Les Portugais éliront le 18 mai leurs députés pour la troisième fois depuis janvier 2022, après la dissolution du Parlement annoncée ce jeudi 13 mars par le président pour sortir de la crise provoquée par la chute du gouvernement de Luis Montenegro. Le président Marcelo Rebelo de Sousa (Parti social-démocrate, centre droit) a justifié sa décision par la volonté d’assurer la stabilité du pays, précisant dans une allocution télévisée que le 18 mai était «la date préférée par la majorité des partis». «Ces élections, personne ne s’y attendait, ni ne les souhaitait», dans un contexte international compliqué, a-t-il assuré.

Rebelo de Sousa s’exprimait après avoir consulté jeudi les membres du conseil d’Etat, une instance consultative regroupant les plus hautes personnalités politiques, et avoir reçu mercredi les dirigeants des partis représentés au Parlement. Les partis et le conseil d’Etat «ont été unanimes» pour la dissolution et la tenue d’élections, a précisé le président, qui a appelé les formations à discuter au cours de la campagne des problèmes «qui préoccupent les Portugais au quotidien» dans les domaines de l’économie ou de la santé.

Mardi, le Premier ministre Luis Montenegro, du même parti que le président, empêtré dans une polémique portant sur ses sociétés familiales, avait été contraint à la démission faute d’avoir convaincu une majorité de députés de lui accorder leur confiance. A l’origine de la crise, une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l’activité est soumise à des concessions accordées par l’Etat.

S’il a assuré que cette société appartenait désormais uniquement à ses enfants, Luis Montenegro n’a pas pour autant convaincu l’opposition, qui lui réclamait davantage d’explications, notamment dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire demandée par les socialistes.

«Fuite en avant»

Après s’être entretenu avec les dirigeants des partis représentés au Parlement puis avec les membres du conseil d’Etat, le président a écarté l’idée de rechercher un nouveau Premier ministre apte à bâtir une majorité dans un Parlement très divisé, et choisi d’appeler à la tenue d’élections anticipées.

Ces élections sont «une sorte de fuite en avant» du Premier ministre et de son parti pour «éviter une commission d’enquête» et pour lui permettre de «survivre politiquement», a estimé auprès de l’AFP Antonio Costa Pinto, de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lisbonne. Et dans le contexte politique actuel, le politologue prévoit une campagne qui risque de faire l’impasse sur des thèmes jugés importants par les électeurs, comme la santé ou la crise du logement. «Pour le PSD, le discours sera que l’opposition a fait tomber ce gouvernement parce qu’il était en train de réussir, et pour les partis d’opposition, le Premier ministre sera le thème dominant», a prédit Costa Pinto.

Luis Montenegro, 52 ans, avait succédé début 2024 au socialiste Antonio Costa, lui-même déjà contraint à la démission en novembre 2023 à cause d’une affaire de trafic d’influence présumé. Antonio Costa, qui a toujours nié toute irrégularité, est depuis devenu président du Conseil européen en juin 2024.

Après huit ans de gouvernement socialiste, l’Alliance démocratique (AD) emmenée par le PSD de Luis Montenegro avait remporté les dernières législatives il y a un an avec 28,8 % des suffrages et 80 députés sur un total de 230, contre 28 % des voix et 78 sièges pour le PS. Le parti populiste Chega (Assez) était alors passé de 12 à 50 députés. Luis Montenegro a déjà fait savoir qu’il serait candidat à sa propre succession. «Je ne vais pas baisser les bras, […] il faudra compter sur moi», a-t-il assuré mercredi soir.