A deux mois des élections européennes, nous partons sur les voies ferrées pour raconter cette Europe ferroviaire du quotidien qui lie les nations et les peuples, entre retour en grâce du rail et concurrence de la route ou de l’aérien. Au menu : fret, industrie, histoire, trains de nuit et tourisme. Et à la fin de chaque article, retrouvez notre carnet de voyage sur les rails.
La rame régionale ralentit sa course en gare de Liben, quartier résidentiel excentré de l’est de Prague. Un train de marchandises et sa trentaine de wagons remplis de pierres grises passent doucement à côté de travailleurs qui rentrent du centre historique et s’engouffrent dans le sombre sous-sol aux mosaïques bleues et vertes. Dehors, une femme en manteau rouge fume sa cigarette électronique, un jeune couple attend sous un arbre aux fleurs roses, lui, casquette noire et blanche vissée, elle, avec des roses blanches dans un sac. C’est une banale gare de banlieue du quotidien, avec des publicités et enseignes occidentales comme l’entreprise française Relay et l’annonce d’un concert du groupe allemand Rammstein. Il y a trente-cinq ans, pourtant, se jouait ici même un épisode fondamental de la chute du mur de Berlin, puis de l’éclatement du bloc soviétique.
On est fin septembre 1989. Alor