A deux mois des élections européennes, nous partons sur les voies ferrées pour raconter cette Europe ferroviaire du quotidien qui lie les nations et les peuples, entre retour en grâce du rail et concurrence de la route ou de l’aérien. Au menu : fret, industrie, histoire, trains de nuit et tourisme. Et à la fin de chaque article, retrouvez notre carnet de voyage sur les rails.
Le train de nuit pour Venise et Zurich entre en gare de Vienne. Deux hommes montent dans le compartiment numéro 5 de la voiture réservée aux moins confortables sièges inclinés. L’un a la trentaine, cheveux coupés court, se met en tee-shirt d’emblée – la température à l’intérieur tranche avec celle sur le quai de la capitale autrichienne ; l’autre a à peu près le même âge, mais plus grand, casquette, casque audio, vêtements noirs, tatouages sur toutes les parties visibles du corps. Après des saluts et sourires polis mais brefs entre trois personnes qui vont passer la nuit ensemble mais ne se connaissent pas, le train démarre. Il est 21 h 39.
Le véhicule sillonne l’Autriche dans l’obscurité. Peu avant minuit, à la gare de Linz, deux Néerlandaises, une mère et sa fille de 25 ans, s’installent à leur tour dans le compartiment pour six, s’allongent sur les places face à face, les pieds près