A deux mois des élections européennes, nous partons sur les voies ferrées pour raconter cette Europe ferroviaire du quotidien qui lie les nations et les peuples, entre retour en grâce du rail et concurrence de la route ou de l’aérien. Au menu : fret, industrie, histoire, trains de nuit et tourisme. Et à la fin de chaque article, retrouvez notre carnet de voyage sur les rails.
La voiture numéro 3 s’est peu à peu vidée, à mesure que la route ferrée filait en bord d’une mer Tyrrhénienne au bleu azur. Parti de Rome aux aurores, le train ralentit à Villa San Giovanni, à l’extrémité Ouest de la Calabre. Quinze minutes plus tard, il avance doucement sur quelques centaines de mètres, s’arrête, repart dans l’autre sens en changeant de voie. Quand il prend place dans le ferry, les voyageurs ont le regard de ceux qui vivent une situation banale, comme si un train entier sur un bateau l’était, comme si relier la capitale italienne à la Sicile sans quitter les rails était évident. Un message au micro, chacun laisse sa valise, descend tranquillement, monte les escaliers métalliques étroits. Certains commandent un café – à 1,20 euro –, d’autres vont sur le pont. Le détroit de Messine s’ouvre alors, on perçoit d’ici les montagnes siciliennes dessinées, des immeubles. En c