Pendant que Trump joue le rapprochement avec Poutine, le Premier ministre britannique Keir Starmer n’entend pas rester les bras croisés sur le dossier ukrainien. Car le Royaume-Uni joue un rôle de premier plan en soutenant Kyiv dans la guerre contre la Russie. Ce qui «signifie que nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire», a-t-il affirmé dimanche 16 février auprès du quotidien Daily Telegraph.
Le chef du gouvernement britannique dit mesurer «la responsabilité qu’implique le fait de mettre potentiellement en danger» les hommes et femmes de l’armée britannique. Mais il souhaite à tout prix maintenir une protection de l’Ukraine : «Aider à garantir [sa] sécurité, c’est aider à garantir la sécurité de notre continent et la sécurité du pays.»
Analyse
La Suède lui a emboîté le pas ce lundi 17 février au matin. Le pays n’exclut pas non plus d’envoyer des troupes en Ukraine, dans le cadre d’une force de maintien de la paix d’après-guerre, a rapporté la radio publique suédoise, citant les commentaires du ministre des Affaires étrangères du pays.
«Nous devons d’abord négocier une paix juste et durable qui respecte le droit international, qui respecte l’Ukraine et qui, avant tout, garantit que la Russie ne pourra pas se retirer, se renforcer et attaquer l’Ukraine ou un autre pays dans quelques années», a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Maria Malmer Stenergard, lors d’une interview. Et d’ajouter : «Une fois la paix établie, nous devons nous assurer qu’elle peut être maintenue et notre gouvernement n’exclut rien.»
Berlin ne veut pas bouger sans les Etats-Unis
L’Allemagne est plus mesurée. Pour Berlin, le maintien d’une paix durable en Ukraine doit être «une tâche transatlantique». «Nous ne participerons pas à des scénarios dans lesquels la sécurité européenne et américaine se dissocieraient, par exemple si des soldats européens étaient déployés sans engagement total des Etats-Unis», a précisé une source gouvernementale ce lundi en début d’après-midi.
Les dirigeants européens sont justement réunis ce lundi à Paris pour parler sécurité. Outre le président français Emmanuel Macron, les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’Otan, sont attendus à cette réunion organisée à Paris à l’approche du troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février.
Objectif : faire face à «l’accélération» de l’administration américaine sur le dossier ukrainien et éviter qu’un accord de paix soit signé entre les Etats-Unis et la Russie – et accélérer le réarmement de l’UE. Keir Starmer a confirmé la veille qu’il allait y participer, illustration du changement de ton opéré par son gouvernement et sa volonté de relancer les relations avec les Vingt-Sept refroidies depuis le Brexit.
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«La sécurité de l’Europe est à un tournant», a martelé Ursula von der Leyen. Pour la présidente de la Commission européenne, l’Europe a besoin «maintenant» d’un «état d’esprit d’urgence» et «d’un sursaut dans notre défense».
Le travailliste a aussi déclaré qu’il rencontrerait «dans les prochains jours» le président américain Donald Trump. Il avait affirmé auprès de la BBC, samedi, qu’il veillerait à ce que l’Europe et les Etats-Unis restent unis, pour ne pas que leurs divisions ne les écartent de leurs «ennemis extérieurs». Selon lui, le Royaume-Uni a «un rôle unique» à jouer pour assurer que le Vieux Continent et leur allié américain travaillent étroitement ensemble. «Le soutien américain restera primordial, a encore souligné Keir Starmer. La garantie de sécurité américaine est essentielle pour une paix durable parce que seuls les Etats-Unis peuvent dissuader Poutine d’attaquer à nouveau.»
Mise à jour : à 15h15, avec l’ajout de la position allemande et la déclaration d’Ursula von der Leyen.