De quoi tourner la page d’années de tensions. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, qui a promis de «réinitialiser» la coopération avec l’UE à son arrivée au pouvoir en juillet, accueille, ce lundi 19 mai à Londres, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, António Costa. Ce sommet est l’occasion pour le dirigeant travailliste de concrétiser sa volonté de rapprochement avec Bruxelles, après le Brexit intervenu le 31 janvier 2020.
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Après des mois de discussions et d’ultimes tractations nocturnes, les négociateurs européens et britanniques ont trouvé ce lundi matin un compromis sur trois textes, dont un partenariat sur la défense et la sécurité, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques. Sur l’épineux dossier de la pêche, particulièrement sensible pour la France, Londres et les Vingt-Sept ont acté la reconduction de l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques – qui devait expirer en 2026 – pendant douze années supplémentaires, selon ces sources.
L’immigration, enjeu incontournable pour Starmer
En contrepartie, les Britanniques pourront exporter plus facilement leurs produits vers le marché européen, grâce à une reconnaissance mutuelle de normes phytosanitaires. En revanche, la question de la mobilité des jeunes Européens, notamment des étudiants, vers le Royaume-Uni, est renvoyée à des discussions ultérieures.
Sur la question migratoire, engagement est aussi pris de travailler ensemble à un renforcement de la coopération pour réduire les flux en Manche, selon ces diplomates. Un sujet sensible côté britannique, d’autant plus avec la montée en puissance du parti europhobe et anti-immigration Reform UK dirigé par l’ex-champion du Brexit Nigel Farage. Keir Starmer veut éviter tout ce qui ferait augmenter les chiffres de l’immigration légale, qu’il s’est engagé à faire baisser. Le chef du gouvernement répète à l’envi ses «lignes rouges» : pas question de revenir dans le marché commun ni dans l’union douanière, pas question de rétablir la libre circulation.
Discussions laborieuses
Depuis le Brexit, la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine et le risque d’un désengagement américain du continent européen ont conforté Londres et Bruxelles dans leur volonté de resserrer les liens dans le domaine de la défense. Si l’atmosphère s’est réchauffée entre les deux parties, les pourparlers n’ont pas été aisés pour autant : ils se sont crispés notamment sur les questions des quotas de pêche et de mobilité des jeunes. Si une «percée» avait été réalisée dimanche soir tard, il restait «encore des pas à faire», avait déclaré tôt ce matin une source proche des négociations. «Nous conclurons un accord dans l’intérêt national», a de son côté affirmé Keir Starmer lundi, réitérant sa promesse de «sécuriser les frontières, [de] factures moins chères et [de] davantage d’emplois» grâce à ce rapprochement.
Mais l’accord n’est même pas signé que Nigel Farage, tout comme la dirigeante de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch, l’ont déjà décrit comme une «capitulation» face à Bruxelles. Pour Anand Menon, directeur du centre de réflexion UK in a Changing Europe, le sommet est «le début, peut-être, d’un processus dans lequel la relation formelle va évoluer pour la première fois après l’accord de commerce et de coopération (TCA)» qui régit les relations entre les deux blocs depuis le départ du Royaume-Uni.