«Heureusement il y a un parti nouveau qui veut changer tout cela.» Ce quadragénaire, qui tient un café épicerie aux confins des quartiers lisboètes de Graça et de Mouraria, se fait comprendre en un seul clin d’œil. «Le parti nouveau», c’est l’ultra droite de Chega («Ça suffit»), troisième force parlementaire dont les sondages prévoient qu’elle double, voire triple ses suffrages dimanche 10 mars, lors des élections législatives. «Tout cela», c’est un fatras d’insatisfactions qui alimentent une colère sourde : en vrac, ces Européens (Français surtout, selon lui) qui «avec leur argent m’ont délogé de ma boutique et de mon appartement» ; «mon pays, le Portugal, qui est l’ombre de lui-même, pauvre, humilié, d’où les jeunes diplômés émigrent» ; «tous ces politiciens corrompus qui ne pensent qu’à se sucrer…» Sa liste est longue, alimentée à satiété par son épouse. Son espoir se précise avec des noms : Orbán, Meloni, Le Pen, Wilders. «Et nous, désormais on a André ! J’espère qu’il va casser la baraque ce week-end !»
André Ventura, 41 ans, ancien séminariste devenu prof de fac, inspecteur du fisc, commentateur de football (fan du Benfica) ou de crimes sur les plateaux télé, est aujourd’hui l’homme qui canalise les frustrations d’une partie de la société p