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Libération
Reportage

Législatives au Royaume-Uni : dans le bastion conservateur de Chichester, «un nombre surprenant d’indécis»

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Empêtré dans une campagne hésitante, le Parti conservateur est menacé jusque dans ses bastions historiques, où le nombre de déçus et deux partis rivaux pourraient lui faire perdre certains de ses sièges les plus sûrs.
Le président du Parti libéral-démocrate, Edward Davey, à Chichester le 25 mai. (Andrew Matthews/AP)
par Juliette Démas, envoyé spéciale à Chichester (Royaume-Uni)
publié le 19 juin 2024 à 7h07

Jess Brown-Fuller frappe à la porte et double d’un bref coup de sonnette. Quelques secondes passent avant qu’une femme âgée n’ouvre, étonnée. «Bonjour, vous êtes bien Margaret ?» «Euh… oui.» «Est-ce que vous avez pour habitude de voter aux élections ?» «Oui». «Avez-vous prévu de voter ce 4 juillet ?» «Bien sûr.» «Et vous avez décidé pour qui ?» Margaret hésite. «Justement, non…» Face à elle, la candidate libérale-démocrate se fend d’un grand sourire et dégaine son tract : «Vous n’êtes pas la seule !»

Chichester se trouve en terre conservatrice. La circonscription, qui recouvre la ville du même nom, une partie du trait de côte et des terres agricoles, n’a pas élu de député qui ne soit pas conservateur en un siècle. En 2019, l’actuelle ministre de l’Education, Gillian Keegan, y remportait une majorité de plus de 24 000 votes. Les libéraux-démocrates (Libdem pour faire court), longtemps troisième force politique du Royaume-Uni, arrivaient en seconde place.

Travail de fourmi

Pour la première fois en plusieurs décennies, un vent de changement souffle sur la région. Plusieurs sièges du «blue wall», ce «mur bleu» de circonscriptions du sud de l’Angleterre, plutôt affluentes et traditionnellement à droite, sont dans le viseur des Libdem qui mènent une campagne calibrée pour les faire passer au centre. Ils n’ont pas attendu que Rishi Sunak