Jess Brown-Fuller frappe à la porte et double d’un bref coup de sonnette. Quelques secondes passent avant qu’une femme âgée n’ouvre, étonnée. «Bonjour, vous êtes bien Margaret ?» «Euh… oui.» «Est-ce que vous avez pour habitude de voter aux élections ?» «Oui». «Avez-vous prévu de voter ce 4 juillet ?» «Bien sûr.» «Et vous avez décidé pour qui ?» Margaret hésite. «Justement, non…» Face à elle, la candidate libérale-démocrate se fend d’un grand sourire et dégaine son tract : «Vous n’êtes pas la seule !»
Chichester se trouve en terre conservatrice. La circonscription, qui recouvre la ville du même nom, une partie du trait de côte et des terres agricoles, n’a pas élu de député qui ne soit pas conservateur en un siècle. En 2019, l’actuelle ministre de l’Education, Gillian Keegan, y remportait une majorité de plus de 24 000 votes. Les libéraux-démocrates (Libdem pour faire court), longtemps troisième force politique du Royaume-Uni, arrivaient en seconde place.
Travail de fourmi
Pour la première fois en plusieurs décennies, un vent de changement souffle sur la région. Plusieurs sièges du «blue wall», ce «mur bleu» de circonscriptions du sud de l’Angleterre, plutôt affluentes et traditionnellement à droite, sont dans le viseur des Libdem qui mènent une campagne calibrée pour les faire passer au centre. Ils n’ont pas attendu que Rishi Sunak