Ecran de fumée ou mesure sincère ? Les autorités géorgiennes «vont mener un recomptage des voix dans cinq bureaux de vote de chaque circonscription», a annoncé, ce mardi 29 octobre, un communiqué de la commission électorale du pays. Cette décision intervient alors que se multiplient les soupçons voire les accusations de fraude après le scrutin législatif de samedi dernier. Selon des résultats quasi définitifs annoncés par la commission électorale, le parti politique «Rêve géorgien», aux affaires depuis 2012 dans cette ex-République soviétique caucasienne, était crédité dimanche soir de 54,08 % des voix, contre 37,58 % à la coalition pro-UE. A l’appel de l’opposition et de la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, des dizaines de milliers de Géorgiens ont manifesté lundi soir dans le calme pour dénoncer ces résultats.
Alors que Bruxelles, Paris et Washington avaient demandé à Tbilissi d’ouvrir des enquêtes sur les allégations d’«irrégularités», les ministres des Affaires étrangères de treize pays de l’Union européenne ont condamné, lundi 28 octobre, la «violation des règles internationales» pendant les élections législatives. «Des observateurs internationaux ont signalé des violations [des règles] pendant la campagne électorale ainsi que le jour du scrutin», ont déclaré dans un communiqué commun les ministres d’Etats membres comme l’Allemagne et la France, ajoutant qu’ils condamnaient «toute violation des normes internationales en vue d’élections libres et équitables».
Voix discordante au sein de l’Union européenne, le dirigeant hongrois Viktor Orbán est toutefois en Géorgie où il est arrivé lundi soir pour afficher son soutien au gouvernement face à ces accusations. Il a estimé ce mardi que les élections avaient été «libres et démocratiques». Je vous «félicite d’avoir voté pour la paix» et que vous n’ayez «pas permis que votre pays devienne une seconde Ukraine», a ajouté le seul dirigeant de l’UE à saluer les résultats, estimant que «si les libéraux avaient gagné», Bruxelles «dirait que c’est démocratique». Dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili et gouvernant la Géorgie depuis 2012, «Rêve géorgien» est pourtant accusé par l’opposition de s’être engagé dans une dérive autoritaire pro russe et d’éloigner cette ancienne république soviétique du Caucase de la perspective d’une adhésion à l’Union européenne et à l’Otan. Le parti a toutefois réaffirmé sa «priorité» d’intégrer l’Union européenne, lundi.
La présidente Salomé Zourabichvili a dénoncé des méthodes de fraudes «sophistiquées», similaires, selon elle, à ce qui est pratiqué en Russie. «C’est très difficile d’accuser un gouvernement», «mais la méthodologie, elle est russe», avait lancé la cheffe de l’Etat pro-européenne dans un entretien à l’AFP. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, avait immédiatement rejeté des «accusations infondées» et réfuté toute ingérence de son pays dans le processus électoral.