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Robert Fico, un opportuniste et précurseur du populisme

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Revenu en octobre à la tête du gouvernement, le Premier ministre slovaque, victime de tirs mercredi, a fait de son pays un «Etat mafieux» et largement participé à la banalisation des idées d’extrême droite lors de ses précédents mandats.
Robert Fico, alors Premier ministre, à Varsovie en mai 2017. (Mateusz Wlodarczyk/AFP)
publié le 12 août 2023 à 14h41
(mis à jour le 15 mai 2024 à 21h06)

Profil intialement publié en septembre 2023 et mis à jour mercredi 15 mai, jour de l’attentat contre Robert Fico

Robert Fico aime cultiver des airs de petite frappe. Montre de luxe au poignet, épaules carrées, le politicien slovaque balance régulièrement injures et grossièretés. Depuis 2022, cela ne relève plus simplement de l’attitude mais du domaine judiciaire. Robert Fico est poursuivi pour la formation d’un groupe criminel organisé. Ce réseau, il l’a construit derrière son bureau de Premier ministre, qu’il a occupé pendant dix ans, de 2006 à 2010, puis de 2012 à 2018. Malgré ces accusations, il est revenu au pouvoir à la fin de l’année 2023, après la victoire de son parti aux législatives de septembre.

Officiellement, le Smer, que Fico a fondé en 1999, est social-démocrate. Mais dans les faits, il a toujours frayé avec l’extrême droite, tant dans ses thèmes de campagnes que dans ses alliances. En 2006, quand Fico devient Premier ministre pour la première fois, c’est déjà en coalition avec le SNS, un parti de droite dure qui s’est un temps réclamé de la période fasciste slovaque. Cela mènera à la suspension du Smer du Parti socialiste européen, mais le gouvernement de coalition tiendra jusqu’au bout de son mandat.

Le Premier ministre partage bon nombre d’obsessions avec ses alliés nationalistes. Il s’en prend à la minorité hongroise du sud, à la communaut