Menu
Libération
Tueur en série

«L’envie de tuer» : en Allemagne, un médecin exerçant en soins palliatifs accusé du meurtre d’au moins 15 de ses patients

Le parquet de Berlin a demandé ce mercredi 16 avril le renvoi en procès d’un praticien de 40 ans. Il aurait tué au moins quinze personnes entre 2021 et 2024.
(Arnaud Le Vu/Hans Lucas)
publié le 16 avril 2025 à 12h36

Il mettait fin à la vie de ses patients simplement parce qu’il ressentait «l’envie de tuer». Ce mercredi 16 avril, le parquet de Berlin a demandé le renvoi en procès d’un médecin spécialisé en soins palliatifs à domicile pour les meurtres d’au moins quinze personnes dont il s’occupait. Le procureur demande une condamnation assortie de la reconnaissance de la gravité particulière des faits, une détention de sûreté et une interdiction professionnelle à vie.

Ce praticien de 40 ans avait été arrêté en août 2024. D’abord pour le meurtre de quatre patients. Puis le parquet avait annoncé avoir identifié au moins huit victimes fin novembre. Et elle parle désormais d’a minima quinze personnes qui pourraient avoir été tuées par ce médecin. Ce nombre pourrait encore grandir, la justice continuant d’enquêter sur d’autres cas possibles. Sur un total de 395 cas examinés par un groupe d’enquête spécifiquement créé, les investigations se poursuivent dans 75 cas pour lesquels il existe «une suspicion initiale», relate le parquet. Cinq nouvelles exhumations sont prévues dans ce cadre prochainement.

D’après le parquet, les faits ont été commis entre septembre 2021 et juillet 2024. Le médecin est accusé d’avoir mis fin à la vie de douze femmes et de trois hommes, âgés de 25 à 94 ans, avec des médicaments. Les victimes résidaient pour la plupart dans leur logement, en majorité dans des quartiers populaires du sud-est de Berlin. Il aurait administré à ces patients, «sans indication médicale ni consentement», un sédatif suivi d’un relaxant musculaire. Cette association entraîne «une paralysie des muscles respiratoires» puis «un arrêt respiratoire et la mort en quelques minutes», souligne le parquet.

Dans le cas d’une femme de 56 ans qu’il est soupçonné d’avoir tuée en septembre 2022, l’accusé aurait «contacté les secours, affirmant faussement avoir déjà commencé les mesures de réanimation». La victime est décédée trois jours plus tard à l’hôpital. Deux ans plus tard, le professionnel de santé aurait commis deux meurtres dans la même journée et tenté de mettre le feu au logement de la seconde victime, une femme de 76 ans. La tentative d’incendie ayant échoué, «il aurait prévenu un proche de la femme et affirmé être devant son appartement mais que personne ne répondait à sa sonnette».

Des similitudes avec l’affaire Niels Högel

Les meurtres auraient été commis «par la ruse et pour des motifs futiles», explique le parquet de Berlin. Actuellement en détention provisoire, le médecin «ne s’est jusqu’à présent pas exprimé sur les accusations portées contre lui», indique le bureau du procureur. Mais le parquet avait indiqué lors d’un précédent point d’enquête que le mobile retenu était «l’envie de tuer». Selon la radio-télévision publique berlinoise RBB, le suspect a étudié scientifiquement les homicides dans le cadre de sa thèse de doctorat en médecine, se penchant notamment sur les homicides non détectés, et sur ceux de patients.

Cette affaire fait écho au procès d’un infirmier d’une unité de soins palliatifs qui s’est ouvert fin mars à Aix-la-Chapelle (nord-ouest de l’Allemagne). Cet homme de 44 ans est suspecté d’avoir administré des surdoses de sédatifs ou d’analgésiques à 26 patients, tuant 9 d’entre eux. Elle rappelle aussi le cas de Niels Högel. Cet ex-infirmier alors âgé de 41 ans avait été condamné en 2019 à la perpétuité pour le meurtre d’au moins 85 de ses patients à Oldenbourg, dans le nord de l’Allemagne. Au début des années 2000, il provoquait des arrêts cardiaques chez certains d’entre eux avant d’essayer de les réanimer pour passer pour un héros auprès de ses collègues. Difficile d’établir un bilan précis du nombre de victimes de Niels Högel puisque certaines ont été incinérées, mais le total pourrait dépasser les 200.