TikTok suscite l’inquiétude en matière de protection des données et de sécurité. Mardi, l’UFC-Que Choisir et 17 autres associations européennes se sont alliées pour déposer plainte contre l’application aux 800 millions d’utilisateurs actifs. Elles estiment que TikTok, qui occupe la deuxième place des applications les plus utilisées par les adolescents, ne protège pas suffisamment les internautes. Une simple autodéclaration suffit pour s’inscrire sur la plateforme réservée aux personnes âgées de plus de 13 ans. Mais plusieurs rapports expliquent qu’une grande partie des utilisateurs de TikTok n’ont pas atteint l’âge requis. En France, 45% des enfants de moins de 13 ans affirment utiliser ce réseau social, indique UFC-Que Choisir dans un communiqué.
D’après les associations, plusieurs lectures attentives des conditions d’utilisation de la plateforme sont nécessaires pour comprendre que «TikTok se donne le droit de faire ce qu’il veut des vidéos publiées : les utiliser, les modifier, les reproduire sans que les utilisateurs n’aient leur mot à dire», détaille l’UFC-Que Choisir.
Ces représentants des consommateurs alertent aussi sur l’absence de protection contre les publicités cachées. «Les marques se servent bien souvent des influenceurs pour lancer par exemple des concours de hashtags, et masquer ainsi leur véritable intention marketing», écrit UFC-Que Choisir. Plus grave, l’association alerte aussi sur la diffusion de contenus potentiellement dangereux, comme les vidéos de défis – en janvier, une fillette italienne de 10 ans qui participait au jeu de foulard sur TikTok est morte, et une influenceuse accusée d’incitation au suicide.
Contenus dangereux
Les plaintes soulèvent également des problèmes liés à l’utilisation de la monnaie virtuelle sur la plateforme. Des pièces numériques disponibles permettent d’acheter des cadeaux virtuels pour d’autres utilisateurs. Les différents cadeaux envoyés peuvent être convertis en argent réel par les bénéficiaires. Pour les associations, ce mode d’achat, qui nécessite seulement quelques clics, favorise l’oubli de la valeur réelle de l’argent. Les mineurs y ont recours principalement pour soutenir leurs utilisateurs préférés.
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Face à cela, le Bureau européen des unions de consommateurs, dont fait partie UFC-Que Choisir, réclame une enquête sur TikTok auprès de la Commission européenne. Son objectif : constituer un dossier solide pour obliger la plateforme à modifier ses pratiques comme «par exemple, changer son algorithme ou encore renforcer son système de contrôle parental. Ce que l’on veut, ce sont des mesures suffisamment efficaces pour protéger les mineurs», explique Laurie Liddell, juriste pour l’association.
Filiale du groupe chinois ByteDance, TikTok a été interdite l’été dernier en Inde pour des raisons de sécurité de données liées à la «souveraineté du cyberespace indien». Quelques mois plus tard, l’ex-président américain Donald Trump a menacé d’interdire l’application pour protéger les données des utilisateurs américains. Pour éviter cette décision, Oracle et Walmart ont acheté la filiale américaine du réseau social. Mais leur transaction a finalement été suspendu par l’administration du nouveau président, Joe Biden, afin de pouvoir déterminer si la menace invoquée en matière de sécurité justifiait la vente de l’antenne américaine de TikTok.