L’été tire à sa fin, et dans le centre de Vilnius, on s’attable pour profiter des derniers rayons du soleil. Rue Karmelitu, dans un grand local vitré, un guitariste chante devant une dizaine de personnes. L’audience est assez clairsemée pour laisser voir les coussins des chaises qui alternent le rouge et le blanc avec une régularité qui attire l’œil et renseigne sur l’endroit. Ce bureau de coworking en journée devient le soir un centre culturel bélarusse informel.
Depuis le soulèvement de l’été 2020, Vilnius est devenue, avec Varsovie, la capitale de l’exil bélarusse. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’y sont installées pour fuir la répression. Mais avec la guerre en Ukraine, l’atmosphère a peu à peu changé. Les drapeaux blanc rouge blanc, symboles du Bélarus démocratique, ont presque disparu de l’espace public, alors que les couleurs ukrainiennes flottent au vent sur tous les bâtiments officiels et à bon nombre de balcons. Les «combattants de la liberté» accueillis à bras ouverts il y a trois ans font l’objet d’une méfiance grandissante. Le Bélarus, d’où sont partis une partie des soldats russes qui ont mené l’assaut sur Kyiv, est co