Les jeunes s’en vont. La population vieillit et la natalité est en baisse. Il y a un manque chronique de travailleurs, partis tenter leur chance ailleurs. Tel est le sombre tableau que nous dressons des Balkans aujourd’hui. Pas étonnant qu’ils soient peu nombreux à vouloir rester : avec des salaires inférieurs à la moyenne de l’Union européenne, la région est toujours empêtrée dans les conflits frontaliers, les querelles ethniques, la corruption endémique, les adhésions inachevées à l’UE et à l’Otan (dans certains Etats) et les fantômes des guerres des années 90.
«Les gens n’envisagent rien ici. Ils s’en vont chercher fortune en Europe centrale et occidentale, ou ailleurs. Ce n’est pas qu’une question d’argent : comparativement parlant, le niveau de vie est inférieur dans la région», explique Ilija Aceski, professeur de sociologie à Skopje, en Macédoine. Si l’on en croit les projections des Nations unies, de la Banque mondiale et des agences statistiques, la Bulgarie comptera 38 % d’habitants en moins en 2050 qu’en 1990. La baisse sera de 24 % en Serbie, et de 22 % en Macédoine du Nord et en Croatie.
Contrairement à l’Allemagne, la France, la Pologne ou même la Roumanie, il n’y a pas d’afflux de travailleurs immigrés pour pourvoir les postes vacants. Presque aucun des millions de migrants et de réfugiés du Moyen-Orient qui ont traversé la région au cours de la dernière décennie n’ont voulu s’y installer. Comme les habitants des Balkans, ils rêvent de s’établir dans un p