
Reportage
«Les cyberattaques peuvent précéder les missiles» : au Campus Cyber, l’union fait le rapport de force
«Avec ce mini-ordinateur à 35 euros, je peux capter le signal envoyé par les valves des pneus de la voiture d’un général, savoir quand il se déplace.» Gaël Musquet a tout de Q, le génial inventeur qui fournit les gadgets à James Bond. Entre les murs de verre du Campus Cyber, dans le quartier de La Défense à Puteaux, près de Paris, il nous met entre les mains un récepteur de télé, une clé USB radio logicielle et le fameux Raspberry Pi, un ordinateur de la taille d’un jeu de 52 cartes : «N’importe qui peut se faire passer pour la valve d’un pneu, faire croire à l’ordinateur de bord qu’ils sont crevés ou en feu et perturber le convoi. Les armées utilisent des véhicules civils dont les pièces détachées n’ont pas été conçues dans les règles de l’art cyber. Si les militaires ne savent pas ce qu’ils émettent, il y a danger», alerte le hacker, dont la devise est «mesurer, c’est savoir».
Météorologue de formation, la passion de Gaël Musquet, 44 ans, est de débusquer les failles dans les systèmes des voitures, des bateaux ou des avions. «Je voulais faire de l’astrophysique, mais il n’y avait pas d’observatoire sur mon île, en Guadeloupe. En revanche, on avait des ouragans. Alors je me suis spécialisé dans la conception des capteurs météo, leur installation, leur déploiement sur le terrain et dans l’espace pour la prévention des catastrophes naturelles. La question du matériel, considérée comme moins noble, est trop souvent négligée. Or, en cyber, c’est mortel.»<