Escalade dans les Balkans. Ce vendredi 29 septembre, un porte-parole de la Maison-Blanche «appelle la Serbie à retirer les troupes» massées à la frontière avec le Kosovo. «Nous voyons un important déploiement militaire serbe le long de la frontière avec le Kosovo», y compris la mise en place «sans précédent» d’artillerie, de chars et d’unités d’infanterie, a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis.
John Kirby a indiqué que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait appelé vendredi le président serbe Aleksandar Vucic pour lui exprimer la «préoccupation» américaine et «souligner la nécessité d’une réduction immédiate des tensions et d’un retour au dialogue.» Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan s’est lui entretenu avec le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti.
John Kirby n’a pas souhaité s’exprimer sur le risque d’une éventuelle invasion du Kosovo. Il a souligné qu’ «en raison des récentes évolutions la Kfor», la force déployée par l’Otan dans cette ancienne province serbe, «allait augmenter sa présence» dans le nord du territoire. Il n’a pas été en mesure de dire s’il s’agissait seulement d’un redéploiement des troupes de la Kfor vers le nord du Kosovo, ou d’une augmentation nette du nombre de militaires déployés par cette force.
L’Otan, de son côté, s’est dit prête vendredi à renforcer les effectifs de la Kfor. «Hier (jeudi), le Conseil de l’Atlantique nord (organe de décision politique de l’Otan) a autorisé des forces additionnelles pour faire face à la situation», a indiqué vendredi le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg dans un communiqué. Le texte ne précise pas quel type de forces pourrait être déployé si nécessaire, mais le ministère britannique de la Défense a précisé de son côté qu’un bataillon, soit environ 500 à 650 hommes, avait été mis à disposition de la Kfor, en cas de nécessité au Kosovo. «Nous prendrons toujours toutes les mesures nécessaires pour maintenir un environnement sûr et sécurisé ainsi qu’une liberté de mouvement pour toutes les personnes vivant au Kosovo», a rappelé Jens Stoltenberg dans ce communiqué.
La tension monte entre les deux pays depuis la mort d’un policier kosovar dimanche 24 septembre. Le Premier ministre kosovar avait immédiatement fustigé une attaque du «crime organisé» soutenue par la Serbie, tandis que le président serbe dénonçait des «mensonges». Le policier avait été tué alors qu’il patrouillait près de la frontière avec la Serbie. Il se rendait près d’une route signalée comme bloquée lorsque son unité «a été attaquée depuis différentes positions à l’arme lourde, notamment avec des grenades», selon la police. S’en étaient suivies plusieurs heures d’échange de tirs entre la police kosovare et un commando lourdement armé de plusieurs dizaines d’hommes retranchés dans un monastère. Trois d’entre eux sont morts, trois ont été arrêtés, et le sort des autres est inconnu. Le Kosovo assure que plusieurs sont en Serbie, soignés dans un hôpital du sud du pays.
Depuis un conflit qui a fait 13 000 morts, en majorité des Kosovars albanais, les relations entre les deux anciens ennemis vont de crise en crise. La Serbie, soutenue notamment par ses alliés russe et chinois, refuse de reconnaître l’indépendance de son ancienne province déclarée en 2008, dont la population d’1,8 millions d’habitants, très majoritairement d’origine albanaise, comprend une communauté serbe d’environ 120 000 personnes, qui vit essentiellement dans le nord du Kosovo.
Cette région est ainsi le théâtre de violences récurrentes, les dernières remontant au printemps, lorsque les autorités kosovares ont décidé de nommer des maires albanais dans quatre municipalités à majorité serbe. Cela a déclenché l’un des pires épisodes depuis des années, avec des manifestations, l’arrestation de trois policiers kosovars par la Serbie et une violente émeute de manifestants serbes qui a fait plus de 30 blessés parmi les forces de maintien de la paix de l’Otan.