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Censure

Les théâtres russes, victimes collatérales de la guerre en Ukraine

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Sur fond d’un durcissement drastique de la censure, les théâtres russes trop libres au goût du Kremlin, ont changé de direction, ou simplement mis la clé sous la porte.
Les acteurs et le personnel du Gogol Center après une représentation à Moscou le 30 juin. (Kirill Kudryavtsev/AFP)
publié le 2 juillet 2022 à 14h07

«Du point de vue de l’art, ce n’est pas seulement du sabotage, c’est un meurtre», estime Kirill Serebrennikov. Jeudi soir, l’artiste exilé s’est exprimé par visioconférence depuis la France devant une foule d’habitués venus rendre hommage à leur théâtre préféré, le «Centre Gogol». Les autorités russes ont annoncé le limogeage de la direction et donc de la troupe de ce théâtre phare de la Moscou libre. L’institution, créée en 2012 sur les bases d’un théâtre dramatique, est devenue l’une des scènes les plus courues de la capitale avec une moyenne d’occupation des fauteuils de 92%. Mais sa particularité venait surtout de son ton : Serebrennikov, directeur artistique depuis le début, en avait fait un lieu d’expérimentations ouvert sur le monde, capable de s’appuyer sur l’histoire de la Russie pour raconter la période actuelle. Le Centre Gogol était aussi un lieu de rencontre privilégié pour une jeune génération d’acteurs passés maîtres dans l’art de questionner la politique courante avec une subtilité permettant d’éviter la prison. Mais selon l’un d’entre eux, le comédien Alexandre Kouznetsov, il ne reste désormais plus rien de tout ça.

«Cette soirée dépasse le Centre Gogol, elle représente la fin d’une période de notre vie, de ce pays. C’est la fin, il n’y a plus d’autres endroits où aller. On a mis le théâtre