Une ruelle sombre longe l’arrière du White Hart, pub de l’époque géorgienne qui promeut ses ales traditionnelles et son abonnement aux chaînes sportives. Sur un mur, une affiche au design gore attire l’œil : «Qui était Jack l’Eventreur ? Un docteur royal ? Un boucher ? Un fou ? Un artiste connu ? Une sage-femme démente ? Ou peut-être… le Prince d’Angleterre ?» Pour le savoir, ceux qui l’osent n’ont qu’à réserver une visite guidée de l’East End à l’adresse mail indiquée.
Derrière ce poster, une des multiples agences spécialisées dans les visites touristiques sur le thème des meurtres de Whitechapel. «Halloween, c’est le Noël de notre industrie !» jubile Anjum Fiaz, qui patiente derrière son comptoir. Il attend une centaine de personnes par soir, qu’il répartit entre plusieurs guides costumés et équipés d’un «rippervision», projecteur miniature qui leur permet d’illustrer leur récit des massacres, avec des photographies du Londres victorien et des images des scènes de crime.
Des visites guidées au succès exponentiel
Depuis cet automne de 1888, l’East End a été partiellement détruit, mais il reste suffisamment de passages dissimulés, de maisons victoriennes et de cours secrètes pour réveiller efficacement un imaginaire. La zone est devenue le terrain de jeu d’un tourisme de carnaval autour de Jack l’Eventreur, qui connaît un succès exponentiel : le site de l’office de tourisme de Londres mentionne ces visites guidées dans son classement des dix meilleures activités. Sur Tripadvisor, elles arrivent en