En résumé :
- La péninsule Ibérique a été touchée en fin de matinée ce lundi 28 avril par une coupure de courant d’ampleur inédite. Plusieurs zones de l’Espagne commencent progressivement à être réalimentées en électricité et 35 % du réseau a été rétabli dans le pays à 22 heures. Mais seuls 10 % des foyers portugais ont de nouveau de l’électricité à cette heure.
- Feux de signalisation éteints, trains et métros à l’arrêt, absence totale de réseau téléphonique… Les conséquences de la panne se font encore largement ressentir.
- En début de soirée, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré que les causes du gigantesque incident «sont encore à l’étude».
- Dans le sud de la France, des foyers du Pays basque ont été privés d’électricité quelques minutes à la mi-journée. Le gestionnaire du réseau français a dit ne pas craindre «de contagion».
Plus de 35 % du réseau électrique a été rétabli en Espagne. Près de neuf heures après le début de la gigantesque panne qui a plongé la péninsule ibérique dans le chaos, Eduardo prieto, le directeur des opérations du gestionnaire du réseau électrique espagnol REE fait savoir que plus de 35 % «de la demande» a été rétablie dans le pays ce lundi soir, à 21h35 (heure de Paris).
A peine plus de 10 % des foyers portugais réalimentés. Le gestionnaire du réseau électrique portugais REN a annoncé ce lundi soir avoir pu rétablir le courant chez quelque 750 000 consommateurs, sur un total de 6,5 millions, à la suite de la coupure géante qui a touché ce pays et l’Espagne voisine. Les stations d’approvisionnement de la région de Porto, la grande ville du nord du pays, sont de nouveau opérationnelles et la situation devait y être normalisée «brièvement», a déclaré un porte-parole de REN, tandis que la capitale Lisbonne était toujours privée d’électricité à la tombée de la nuit.
Le Portugal n’est pas sur la piste de la cyberattaque et rejette à nouveau la faute sur l’Espagne. L’opérateur du réseau électrique portugais (REN) déclare ce lundi soir ne disposer d’aucune information permettant de confirmer la piste d’une cyberattaque, selon Reuters. João Conceicao, un membre du conseil d’administration de REN, a déclaré à des journalistes que l’opérateur n’excluait pas que la panne soit due à une «très forte oscillation des tensions électriques, d’abord dans le réseau espagnol, puis au réseau portugais». «Si cela ne tenait qu’à notre réseau, le pays se réveillerait demain avec de l’électricité, mais malheureusement, il n’est pas le seul à compter», a-t-il ajouté.
L’état d’urgence décrété en Espagne. Le ministère de l’Intérieur espagnol a déclaré ce lundi soir l’état d’urgence, après la panne de courant nationale qui touche la majeure partie de la péninsule ibérique. Selon Reuters, le ministère a ajouté que l’état d’urgence s’appliquerait dans les régions qui en feraient la demande. Jusqu’à présent, Madrid, l’Andalousie et l’Estrémadure ont demandé au gouvernement central de prendre en charge l’ordre public et d’autres fonctions.
D’innombrables interventions dans des ascenseurs bloqués. Les services de secours ont effectué ce lundi 286 opérations pour venir en aide des personnes piégées à l’intérieur d’ascenseurs dans la seule région de Madrid, touchées comme l’ensemble de l’Espagne par une panne d’électricité géante, selon les autorités régionales. «Ce à quoi nous avons affaire plus fréquemment maintenant, ce sont des cas de personnes piégées dans des ascenseurs», a déclaré Isabel Diaz Ayuso, cheffe du gouvernement régional de Madrid, sur la chaîne de télévision Antena 3.
L’Espagne encore en grande partie privée de courant. Ce lundi soir, le gestionnaire du réseau électrique ibérique a fait savoir que l’électricité n’est toujours pas rétablie dans 80 % de l’Espagne continentale. Dans une publication sur X, Red Electrica (l’équivalent de RTE en France) indique : «plus d’1 /5 de la demande péninsulaire a déjà été récupéré avec 5 508 MW provenant de la production autonome et de l’interconnexion» avec la France.
Situation compliquée sur les voies ferrées espagnoles. Le ministre des Transports espagnol Oscar Puente, communique régulièrement sur X depuis le début du black-out. Selon lui, «la priorité absolue à l’heure actuelle est de secourir et d’aider les passagers coincés dans les trains qui circulaient au moment de la panne de courant». La circulation des trains sur le réseau national ne pourra pas être totalement rétablie ce lundi, a-t-il annoncé. Oscar Puente a par ailleurs assuré que plusieurs gares espagnoles resteront ouvertes ce soir, pour «faciliter la vie des personnes qui doivent prendre le train et qui n’ont pas d’autre choix que d’y passer la nuit». Dans le ciel, la capacité du trafic aérien est réduite de 30 % «dans certains secteurs», en raison de pannes de communications et de radars.
Un joueur de tennis bloqué dans un ascenseur. Le tennisman brésilien Fernando Romboli, classé 62e mondial en double, a été victime d’une panne d’ascenseur, à la suite de la gigantesque coupure de courant dans la péninsule ibérique, relate l’Equipe. Le sportif de 26 ans est resté bloqué une demi-heure. Selon nos confrères, les matches du Masters 1000 de Madrid prévu ce lundi n’ont par ailleurs pas pu avoir lieu. Toutes les rencontres ont été annulées, sans que l’on sache quand elles seront reportées.
«Il vaut mieux éviter les spéculations», souligne Sánchez. Il n’y a pas encore d’informations concluantes sur la cause de la panne d’électricité qui a affecté la majeure partie de la péninsule ibérique, a déclaré ce lundi soir le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez. «Les causes sont encore à l’étude. Il vaut mieux éviter les spéculations.», a-t-il souligné lors d’une déclaration solennelle depuis la résidence du chef du gouvernement. Il a aussi dit espérer un retour «rapide» de l’électricité dans le pays, en assurant que l’Etat est à pied d’œuvre. «L’approvisionnement a déjà été rétabli dans plusieurs territoires du nord et du sud de la péninsule grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc» et les centrales à gaz et hydroélectriques ont «été réactivées dans tout le pays, ce qui devrait nous permettre un rétablissement rapide de l’approvisionnement dans toute l’Espagne», a assuré Pedro Sánchez.
En Andalousie, toutes les universités ont dû fermer… sauf une. Alors que l’ensemble des universités publiques d’Andalousie, dans le Sud de l’Espagne, ont décidé de suspendre leurs activités et événements prévus dans l’après-midi, celle d’Almería est restée ouverte, et les cours se sont poursuivis, rapporte El País. Son secret ? Une production d’énergie autonome grâce à des panneaux solaires. Dans cet établissement, les effets de la panne n’ont ainsi duré que 10 secondes – le temps qu’il a fallu pour activer l’alimentation de secours, fonctionnant grâce à la production d’énergie solaire.
Les raffineries de pétrole espagnoles à l’arrêt. Plusieurs raffineries de pétrole espagnoles ont été fermées ce lundi en raison de la panne d’électricité massive. Moeve, le deuxième plus grand opérateur de raffineries d’Espagne, a dû mettre à l’arrêt ses deux usines. Un porte-parole de l’entreprise, qui appartient au fonds d’Abu Dhabi Mubadala et à la société américaine de capital-investissement Carlyle Group, a déclaré que les opérations avaient été interrompues dans les deux raffineries. Plus tôt dans la journée, Petronor, filiale majoritaire de Repsol, a déclaré avoir également fermé toutes les unités de sa raffinerie de Bilbao.
Les sept réacteurs nucléaires espagnols sécurisés. Des nouvelles rassurantes du côté du conseil de sécurité nucléaire d’Espagne : les sept réacteurs nucléaires ne sont pas en danger. Quatre réacteurs ont en effet cessé de fonctionner automatiquement après la panne, avant que les générateurs de secours ne prennent le relais. Pour trois réacteurs qui n’étaient pas en service à ce moment-là, les générateurs de secours ont également commencé à fonctionner pour les maintenir dans un état sûr, a déclaré le conseil.
«On a mis 45 minutes pour rentrer à pied, mais ça aurait été encore plus loin en bus». Comme tous les lundis, Justine, étudiante française en école d’ingénieur en Erasmus s’est rendue à l’université de Séville à 13 heures pour suivre son cours. Ce n’est qu’à 14 heures 30 qu’elle reçoit un mail expliquant que tous les cours sont annulés à cause d’une panne de courant massive. Le message annonce que les bâtiments universitaires s’apprêtent à fermer, et que les étudiants sont invités à rentrer chez eux. «Avec mes colocs, on est rentré à pied jusque chez nous. Cela nous a pris environ 45 minutes, mais cela aurait été encore plus long en bus tellement c’était le bazar.» Dans la rue, les feux tricolores ne fonctionnent plus et la police fait la circulation. Sur le chemin du retour, les étudiantes croisent des Espagnols avec des packs d’eau sous le bras. Beaucoup semblent avoir fait des courses récemment. «Mais je ne sais pas trop où, s’interroge la Française. Tous les magasins qu’on a vus sur la route étaient fermés.» Après avoir quitté l’agitation des grands boulevards, Séville semble paisible. «Mon quartier n’est pas très touristique, et les gens sont encore dans les bars et les cafés, donc ça va, ce n’est pas trop la panique.» Justine ne s’inquiète pas trop non plus. Elle a fait les courses récemment : «le seul truc, c’est qu’on devra manger des légumes crus», s’amuse-t-elle. Par Margot Sanhes.
Le Portugal pointe du doigt son voisin. Le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, a expliqué à la presse que l’origine de la panne se trouve dans le réseau espagnol, bien que les causes exactes soient encore inconnues. Au cours des dernières heures, différentes hypothèses ont circulé, mais aucune n’a été officiellement confirmée. Après avoir participé à un conseil des ministres extraordinaire, Luís Montenegro s’est dit confiant dans le rétablissement de l’électricité. Peu avant la déclaration du Premier ministre portugais, Reuters a cité le gestionnaire du réseau électrique portugais, REN, qui affirme : «un phénomène atmosphérique rare en Espagne, dû à des variations extrêmes de température à l’intérieur du pays, a provoqué la panne dans la péninsule ibérique» et qu’il faudrait jusqu’à une semaine pour «rétablir complètement le système».
Petit à petit, le courant se rétablit. L’électricité est revenue dans «plusieurs zones du Nord, du Sud et de l’Ouest» de l’Espagne, a annoncé le gestionnaire du réseau électrique peu avant 16 heures, après la panne généralisée qui touche le pays depuis 11 h 30 environ. «La tension est revenue dans des sous-stations de plusieurs zones du Nord, du Sud et de l’Ouest de la péninsule, permettant d’approvisionner les consommateurs de ces zones», a annoncé Réseau électrique espagnol (REE) dans un communiqué de presse, expliquant travailler à rétablir «petit à petit l’approvisionnement électrique sur tout le territoire». Les régions concernées sont la Catalogne, le Pays basque, l’Aragon, la Galice, les Asturies, Navarre, Castille-et-León, l’Estrémadure et l’Andalousie, selon REE.
«Il y a beaucoup de fake news et de spéculations». La vie a d’abord continué comme si de rien n’était pour Alicia, journaliste au quotidien El Confidencial à Madrid. Alors que l’Espagne commence à tourner au ralenti en début d’après-midi, le bureau de la Madrilène semble préservé grâce à des générateurs électriques d’urgence. «On a commencé à remarquer que le réseau ne passait plus sur nos téléphones et on a vu sur Twitter ce qu’il se passait». Puis, la coupure d’électricité s’est fait sentir physiquement. «Nous avons très chaud.» Impossible d’ouvrir les fenêtres et d’allumer la climatisation. Le groupe WhatsApp familial de la trentenaire n’a pas tardé à s’enflammer. «Il y a beaucoup de fake news qui y sont envoyées, des spéculations. Certains affirment que c’est une cyberattaque menée par le Maroc.» Pourtant pour l’heure, personne ne sait exactement ce qu’il s’est passé. Sur ce groupe familial, Alicia réussit à obtenir des nouvelles de ses proches. Ses parents sont médecins à l’hôpital de Cordoue. L’établissement continue lui aussi à fonctionner grâce à des générateurs. Seulement les zones essentielles sont alimentées en électricité, telles que la salle de chirurgie. «Ma sœur, elle, travaille au quinzième étage d’un gratte-ciel. Elle ne peut plus prendre l’ascenseur.» Pour rentrer chez elle, elle ne pourra pas utiliser sa voiture car la circulation est fortement perturbée. «Elle souhaitait prendre un Uber, mais ce n’est pas possible. Elle va devoir marcher 45 minutes à pied.» Par Margot Sanhes.
En Espagne et au Portugal, Ikea baisse le rideau. Les magasins IKEA des villes plus petites et les points de retrait en Espagne sont temporairement fermés, a déclaré un porte-parole du détaillant mondial de meubles dans un communiqué. Les grands magasins IKEA en Espagne ont mis en place des générateurs de secours et n’autorisent pas l’entrée de nouveaux clients en raison d’une panne d’électricité qui touche une grande partie de l’Espagne et du Portugal, a déclaré lundi le groupe Ingka, franchisé d’IKEA. «Nous laissons nos clients et nos collègues rester dans nos magasins au cas où ils n’auraient pas d’autres moyens de transport», a-t-il ajouté. Au Portugal, tous les magasins IKEA sont fermés et ne rouvriront pas aujourd’hui.
En images – L’Espagne plongée dans le noir.
Les centrales nucléaires espagnoles à l’arrêt. Le Conseil de sécurité nucléaire (CSN) espagnol a annoncé ce lundi qu’en raison de la panne géante d’électricité, trois centrales nucléaires se sont automatiquement arrêté, les réacteurs fonctionnant désormais grâce aux générateurs diesel de sauvegarde. Après la coupure de l’alimentation en électricité, «les réacteurs des centrales qui étaient en service (Almaraz II, Ascó I et II, Vandellós II) se sont automatiquement arrêtés - conformément à leur conception - et leurs générateurs diesel de sauvegarde ont démarré et maintiennent les centrales dans un état sûr», a affirmé le CSN dans un communiqué. «Cet événement n’a eu aucun impact sur les travailleurs, le public ou l’environnement», assure le CNS, précisant avoir «activé son organisation d’intervention d’urgence en mode surveillance».
«Au bout de vingt minutes, j’ai commencé à trouver cela bizarre». «Là je viens d’arriver devant l’école de mon fils. Les feux de circulation ne fonctionnent plus, le trajet était vraiment chaotique». Naïra vit à Logroño, la capitale de la Rioja, une région située au sud du Pays basque, en Espagne. Vers midi et demi, les lumières de sa maison s’éteignent d’un coup. Elle ne s’alarme pas tout de suite. «Au bout de vingt minutes, j’ai commencé à trouver cela bizarre. Et puis, je devais emmener mon chat chez le vétérinaire, mais je ne pouvais pas ouvrir la porte du garage. J’ai essayé de joindre le cabinet, sans succès». La jeune femme commence à s’inquiéter. «Je suis sortie de chez moi, pour voir si ma maison était la seule touchée, mais ma voisine m’a dit que c’était le cas pour tout le monde». Tant pis pour le rendez-vous du chat, mais cette mère de quatre enfants doit tout de même aller les chercher à l’école. «J’ai essayé de chercher des tutos sur Internet pour ouvrir la porte, mais Internet ne fonctionne pas non plus». Finalement, elle trouve la commande manuelle de la porte. Dans sa voiture, elle a une bonne surprise. La radio fonctionne, elle peut enfin avoir des informations. «Apparemment, tout le pays est touché. Même l’hôpital fonctionne sur ses générateurs de secours, c’est vraiment incroyable». Les infos disent que la panne devrait durer six à dix heures. Naïra a déjà préparé les bougies pour une soirée aux chandelles. Par Olivier Monod.