A l’été 2018, 9 000 tonnes de déchets en ballots quittent l’Italie. Direction programmée : le port de Constanta, en Roumanie. En cours de transport, la destination des ordures compactées est modifiée. Elles sont finalement conduites en Bulgarie, jusqu’à la ville de Pleven. Entassées à l’entrée d’un hangar sans eau, sans électricité et sans capacité de recyclage, elles y moisissent toujours aujourd’hui. Informées de leur stockage illégal l’an dernier, les autorités bulgares sont remontées jusqu’aux expéditeurs : deux sociétés liées à la Camorra et à la ’Ndrangheta, les mafias napolitaine et calabraise, qui se sont débarrassées de déchets amoncelés depuis des années en banlieue de Naples.
L’histoire de cette cargaison n’a rien d’unique. L’exportation légale et illégale de déchets vers l’Europe de l’Est est en plein essor. Depuis 2018, quand la Chine a fermé ses portes à 24 types de déchets, dont les plastiques, le commerce mondial s’est adapté en urgence. Jusqu’en 2017, la Chine et Hongkong importaient 85 % des 12 millions de tonnes de déchets plastiques échangées chaque année. En un an, le