Menu
Libération
Liaison

L’Italie devrait donner son feu vert au plus grand pont suspendu au monde reliant la Sicile et le continent

Les premiers plans de ce projet de plus de 3 kilomètres à 13,5 milliards d’euros ont été élaborés il y a 50 ans. Financée par l’Etat, sa construction devrait être tranchée mercredi 6 août par un comité interministériel
Le détroit de Messine en Italie, le 5 août 2025. (Yara Nardi/REUTERS)
publié le 6 août 2025 à 10h38

Grande enjambée. Le gouvernement italien devrait donner ce mercredi son accord définitif à un projet de 13,5 milliards d’euros visant à construire le plus long pont suspendu au monde, reliant la Sicile à la Botte. Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures, Matteo Salvini, a déclaré qu’un comité ministériel donnerait son feu vert au pont financé par l’Etat qui enjambera le détroit de Messine, entre l’île et la Calabre, marquant ainsi une «page historique» après des décennies de planification.

Avec deux voies ferrées au centre et trois voies de circulation de chaque côté, le pont sera conçu avec deux câbles jumelés tendus entre deux tours de 400 mètres de haut, avec une portée suspendue de 3 300 mètres, un record mondial. Prévu pour être achevé d’ici 2032, le gouvernement d’extrême droite affirme qu’il s’agit d’une prouesse technique, capable de résister aux vents violents et aux tremblements de terre dans une région située à la jonction de deux plaques tectoniques.

Le gouvernement italien espère qu’il apportera croissance économique et emplois à deux régions italiennes pauvres, la Sicile et la Calabre, Matteo Salvini promettant que le projet créera des dizaines de milliers d’emplois. Ce dernier a cependant suscité des protestations locales, en raison de son impact environnemental et de son prix, cet argent pouvant être, selon les détracteurs, mieux utilisé ailleurs. Certains autres pensent aussi qu’il ne verra jamais le jour, rappelant la longue histoire des travaux publics annoncés, financés et jamais achevés en Italie.

Dépense de défense

Le pont lui-même a connu plusieurs faux départs, les premiers plans ayant été élaborés il y a plus de 50 ans. C’est Eurolink, un consortium dirigé par le groupe italien Webuild, qui a remporté l’appel d’offres en 2006, mais celui-ci a été annulé après la crise de la dette dans la zone euro. Le consortium reste cependant le contractant du projet relancé.

Cette fois-ci, Rome a une motivation supplémentaire pour aller de l’avant : elle a classé le coût du pont comme une dépense de défense. L’Italie, criblée de dettes, a accepté, avec d’autres alliés de l’Otan, d’augmenter massivement ses dépenses de défense pour les porter à 5 % du PIB, à la demande du président américain Donald Trump. Sur ce montant, 1,5 % peut être consacré à des domaines «liés à la défense», tels que la cybersécurité et les infrastructures, et le gouvernement Melloni espère que le pont de Messine sera éligible, d’autant plus que la Sicile abrite une base de l’OTAN.