Le Première ministre britannique, Liz Truss, a finalement jeté l’éponge et annoncé sa démission ce 20 octobre, plongeant un peu plus le Royaume-Uni dans le chaos. Elle aura été la 15e et dernière Première ministre de la reine Elizabeth II, décédée deux jours après sa nomination, et la première cheffe du gouvernement du roi Charles III. Elle aura aussi été la cheffe de gouvernement ayant occupé le moins longtemps le 10, Downing Street en trois cents ans, avec seulement six semaines au pouvoir, 44 petits jours. Le record précédent était détenu par George Canning, qui occupa le poste quatre mois, avant de mourir en exercice, en 1827.
Dans une déclaration extrêmement brève, d’à peine plus d’une minute, Liz Truss n’a exprimé aucun regret sur son court passage à Downing Street mais simplement indiqué ne pas «être en mesure de remplir l’agenda sur lequel le parti conservateur m’a élue». Elle a précisé avoir présenté au roi Charles III sa démission et annoncé un scrutin interne au parti conservateur pour lui succéder «d’ici à la semaine prochaine». Keir Starmer, le chef du Labour, le premier parti d’opposition britannique, a pour sa part appelé à des élections générales dès «maintenant». En principe, les prochaines élections sont attendues fin 2024.
Décryptage
Le début de la fin avait commencé le 23 septembre dernier avec la présentation d’un «mini-budget» de Kwasi Kwarteng, tout juste nommé chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances), prévoyant des baisses d’impôts drastiques non financées et des cadeaux fiscaux aux plus aisés. Les craintes de dérapage des comptes publics avaient fait chuter la livre au plus bas, tandis que les taux d’emprunt à long terme de l’Etat britannique ont flambé. La Banque d’Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière et le Fonds monétaire international (FMI) était intervenu publiquement pour mettre en garde contre le risque d’une crise économique grave et d’une contagion à des pays extérieurs.
Après quelques jours de résistance, Kwasi Kwarteng avait été limogé et remplacé par Jeremy Hunt, chargé de rectifier le tir. Ces deux derniers jours, il semblait même avoir pris l’ascendant sur la Première ministre du royaume. Il a mis en pièces toutes les baisses d’impôts originellement promises tout en agitant le spectre de l’austérité, avertissant sur la nécessité des coupes dans les dépenses publiques alors que l’inflation a dépassé les 10 % au mois de septembre. L’avenir de Liz Truss au 10 Downing Street ne tenait donc plus qu’à un fil. Encore plus après des scènes de chaos hallucinantes mercredi soir. Reste désormais à lui trouver un successeur, qui devrait être nommé d’ici au 28 octobre, à la suite d’une élection au sein du parti conservateur, a annoncé le député Graham Brady, qui dirige le comité 1922, chargé du fonctionnement du parti tory.
Mise à jour : à 15h30 avec la précision sur la date à laquelle devrait être nommé le successeur de Liz Truss.