«L’Etat ne tolérait pas un tel ennemi sur son territoire, il devait l’éliminer», amorce Natalia Morozova, juriste pour l’ONG russe Memorial. Après la «comédie» juridique que ses représentants décrivent et le procès mené contre l’association, tous s’accordent sur la nécessité pour l’ONG à survivre à cet évènement. «Cette dissolution est juridique, elle n’est pas factuelle», promet d’emblée Ilya Nuzov, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).
1991-2021, que reste-t-il de l’URSS ?
Comment poursuivre le travail de documentation sur les crimes commis par la Russie, sans l’ONG Memorial ? Voilà la question qui reste, après la dissolution de l’association moscovite, actée en février, à quelques jours du début de l’invasion de l’Ukraine. Réunis ce mercredi dans la librairie de YMCA Press, célèbre maison d’édition de la pensée russe en exil depuis les années 20, les responsables Memorial et de la FIDH présentent leur «Chronique d’une mort annoncée», qui revient sur la dissolution de l’ONG, vécue de l’intérieur.
«Montrer le système d’impunité organisée»
«La responsabilité de chaque général, chaque juge, chaque responsable, doit être établie, assène Alexander Cherkasov, le président du centre des droits humains Memorial. Ce n’est pas un travail sans raison que nous effectuons, il est nécessaire de montrer le système d’impunité organisée en Russie : les “héros” de mon travail deviennent des généraux dans l’armée.» Et pour ça, il faut continuer de relater le