«État d’urgence en Méditerranée !» Ce mardi 9 juillet sur X (ex-Twitter), Sea-Eye a annoncé avoir effectué cinq sauvetages de bateaux de migrants en à peine 24 heures. Avec son navire, l’ONG «a sauvé 231 personnes dimanche et lundi. Parmi les survivants se trouvaient une mère et son bébé ainsi qu’une femme enceinte de neuf mois», précise l’association allemande.
Des opérations qui montrent «combien il est important que nous soyons là pour sauver des vies», poursuit Sea-Eye dans un communiqué publié ce mardi 9 juillet. L’ONG explique avoir été alertée par la ligne d’assistance aux migrants Alarm Phone, lui permettant d’évacuer des centaines de personnes avec l’aide de deux autres navires de sauvetage. En revanche, l’association n’a pas précisé si elle avait obtenu l’autorisation des autorités italiennes pour procéder à ces sauvetages, sans laquelle elle risque de voir son navire saisi.
Interview
Après avoir transféré une partie des 231 personnes secourues sur un navire des garde-côtes italiens, Le Sea-Eye 4 transportait ce mardi environ 170 personnes vers le port désigné de Gênes, dans le nord de l’Italie, qui se trouve «à environ 600 milles marins». En vertu de la loi italienne, les ONG doivent se rendre «sans délai» dans un port immédiatement après la fin d’un sauvetage – une politique qui les empêche d’en effectuer plusieurs à la suite. Selon plusieurs associations, cette politique viole le droit maritime, qui oblige tout navire à venir en aide à un bateau en détresse.
«Cette politique peut avoir des conséquences fatales»
«En attribuant des ports éloignés – nous devons prévoir six jours de voyage vers et depuis Gênes uniquement – nous perdons un temps précieux dans la zone de recherche et de sauvetage, où nous ne pouvons pas aider les personnes dans le besoin. Cette politique peut avoir des conséquences fatales pour les personnes en quête de protection», a déploré dans son communiqué Gorden Isler, le président de Sea-Eye.
Mais refuser de se conformer à cette loi n’est pas sans conséquence. Elle fait encourir une amende comprise entre 2 000 et 10 000 euros, ainsi qu’une détention administrative de 20 jours et, à terme, la saisie définitive du navire. Par le passé et parfois à plusieurs repris, de nombreux navires d’ONG ont été immobilisés pour avoir enfreint la règle. De leur côté, les tribunaux italiens ont déjà annulé plusieurs décisions de ce type, mais ils doivent encore identifier précisément les failles juridiques de cette législation.
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, la coalition de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni cherche à endiguer l’arrivée de bateaux de migrants en Italie en provenance d’Afrique du Nord. Elle accuse les navires de sauvetage d’être un «facteur d’attraction», bien que la grande majorité des migrants qui arrivent en Italie sont en réalité récupérés par les garde-côtes.