Passages à tabac, décharges électriques, simulacres d’exécution... Les autorités russes ont soumis des détenus civils dans les zones ukrainiennes occupées à des actes de torture, incluant des violences sexuelles, de manière «répandue et systématique», dénonce mardi un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. «La Russie a détenu des civils ukrainiens à grande échelle», a déclaré Danielle Bell, la cheffe de la mission onusienne, pendant la présentation du rapport aux journalistes.
A lire aussi
S’exprimant depuis Kyiv, elle a indiqué que les autorités ukrainiennes avaient recensé plus de 15 000 civils ukrainiens détenus par la Russie depuis le début de la guerre, dont au moins 1 800 sont toujours en détention. Les enquêteurs de l’ONU ont interrogé 216 civils libérés depuis juin 2023. Parmi eux, 92 % ont fait «des récits cohérents et détaillés de torture ou de mauvais traitements pendant leur captivité», selon le rapport.
«Bases juridiques changeantes»
Ils ont décrit «des passages à tabac sévères avec divers instruments, tels que des bâtons et des matraques, des décharges électriques sur diverses parties du corps (et) des simulacres d’exécution». Beaucoup ont également déclaré avoir subi des menaces de mort et de violence envers eux-mêmes ou un proche.
A lire aussi
Selon le rapport, 90 civils en détention sont morts d’exécutions extrajudiciaires et 38 des conséquences des suites de la torture et du manque de nourriture et de médicaments. «Des personnes ont été arbitrairement arrêtées dans les rues des territoires occupés, inculpées sur des bases juridiques changeantes et détenues pendant des jours, des semaines, des mois, et même des années», a dénoncé le haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, dans un communiqué. «Il est essentiel que les droits des détenus civils, qui ont été gravement affectés par ce terrible conflit, soient une priorité dans toute discussion de paix», a-t-il déclaré.
Trahison, espionnage ou collaboration côté ukrainien
Le rapport de l’ONU a également documenté «des cas de torture et de mauvais traitements» infligés à des civils détenus par les autorités ukrainiennes. Fin juillet, l’Ukraine comptait officiellement plus de 2 250 détenus liés au conflit, principalement des citoyens ukrainiens accusés de trahison, espionnage ou collaboration avec les autorités russes occupantes, notamment lors de tâches ordinaires, tels que des travaux de construction ou encore le ramassage des ordures. La mission en a interrogé 409. Parmi ces derniers, 117 ont fourni des témoignages crédibles de torture et de mauvais traitements qu’ils ont subis lors de leur détention, a indiqué Danielle Bell. La majorité des cas ont eu lieu en 2022.
A lire aussi
Le rapport indique que l’Ukraine, dans les territoires qu’elle contrôle, a détenu de nombreux citoyens pour des accusations en lien avec la sécurité nationale, comme la trahison et l’espionnage. D’autres ont été accusés de «collaboration» avec «les autorités d’occupation russes», y compris pour avoir effectué des activités ordinaires, tels que la construction, les services d’eau, l’aide humanitaire, les services d’urgence ou le ramassage des ordures.