Plus d’une semaine s’était écoulée sans que ses soutiens ne reçoivent de nouvelles de la bête noire de Vladimir Poutine. Un silence radio dès à présent brisé, ont-ils annoncé ce vendredi 15 décembre : l’opposant russe Alexeï Navalny a été extrait de sa prison vers une destination inconnue. Ce déplacement pourrait signifier son transfert vers un pénitencier aux conditions encore plus rudes, alors que son quotidien en détention est déjà injustement et illégalement sévère. D’après Kira Iarmich, porte-parole en exil du militant anticorruption, un tribunal a signifié à l’avocat de l’opposant qu’il avait «quitté la région de Vladimir», où il était incarcéré. «On ne sait pas vers quelle destination exactement», a-t-elle écrit sur X (anciennement Twitter).
A lire aussi
Le quotidien russe Kommersant, citant également une source judiciaire, semble mieux informé. Alexeï Navalny aurait quitté sa colonie «conformément au verdict du tribunal municipal de Moscou du 4 août 2023, qui est entré en vigueur». Ce verdict a mué sa peine de neuf ans en «régime strict» pour «fraude» en 19 ans d’emprisonnement pour «extrémisme», qu’il doit passer, après transfert, dans une colonie à «régime spécial». Soit la catégorie d’établissements d’ordinaire réservée aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux, où les conditions de captivité sont les plus amères.
«L’arrivée de Navalny [dans sa nouvelle colonie] sera notifiée dans le cadre de la législation en vigueur», a ajouté le quotidien. En Russie, les transferts d’un camp pénitentiaire à un autre prennent souvent plusieurs semaines de voyage par train avec plusieurs étapes. Durant cette période, les proches des détenus n’ont aucune nouvelle.
Une absence de nouvelles «très préoccupante»
Cette absence d’informations claire a été qualifiée ce vendredi de «très préoccupante» par Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères. «La France considère la Russie responsable de la santé de ses détenus, en particulier les prisonniers politiques, et rappelle ses obligations internationales relatives au respect des droits de l’Homme», a-t-il souligné, ajoutant que la santé d’Alexeï Navalny s’était «gravement détériorée depuis sa mise en détention».
Arrêté en janvier 2021, Alexeï Navalny, 47 ans, était détenu jusqu’ici dans la région de Vladimir, à environ 250 kilomètres de Moscou. L’opposant connaissait bien l’isolement, où il était placé pendant des semaines d’affilée en représailles de violations supposées des règles carcérales. Début décembre, les autorités russes ont engagé de nouvelles poursuites pour «vandalisme» contre le militant anticorruption, ce qui pourrait ajouter trois années de détention supplémentaires à sa peine.
A lire aussi
Alexeï Navalny avait échappé de peu à la mort lorsqu’il avait été empoisonné en août 2020, passant plusieurs mois de convalescence en Allemagne. L’opposant accuse le Kremlin, qui nie toute implication.
Mise à jour : à 16h15 avec davantage de détails et les informations de Kommersant.