Il est l’un des principaux ennemis du Kremlin. L’opposant russe Vladimir Kara-Murza, qui a survécu à deux tentatives d’empoisonnement avant d’être mis derrière les barreaux, a été hospitalisé dans un «hôpital-prison», ont annoncé ce vendredi 5 juillet son épouse et ses avocats. «Ses avocats n’ont pas été autorisés à le voir», a fait savoir sa femme Evgenia sur Facebook, sans préciser les raisons de cette hospitalisation.
Selon la chaîne Telegram du militant prodémocratie, ses avocats ont expliqué avoir été informés jeudi après-midi de ce transfert, après des heures d’attente pour voir leur client, qui est incarcéré dans une colonie pénitentiaire à Omsk, en Sibérie. Ils auraient ensuite attendu toute la journée de ce vendredi pour pouvoir entrer dans l’hôpital, également situé à Omsk. En vain. «Ils n’ont donc pas pu vérifier que tout va bien pour lui avant le weekend», durant lequel les visites ne sont pas autorisées, précise la chaîne Telegram.
«Des conditions de détention dégradantes et inhumaines»
Depuis plusieurs mois maintenant, les proches et les partisans de Vladimir Kara-Murza s’inquiètent de son état de santé. Le citoyen russo-britannique de 42 ans est selon eux atteint d’une polyneuropathie – une maladie du système nerveux –, qui serait due aux deux empoisonnements dont il a été victime en 2015 et 2017. Selon plusieurs médias d’investigation, dont Bellingcat, The Insider et Der Spiegel, les services secrets russes seraient impliqués dans ces agressions.
Interview
En avril 2023, Vladimir Kara-Murza avait été condamné à 25 ans de prison pour «trahison» et diffusion de «fausses informations» sur la guerre en Ukraine. Un an plus tôt, il avait publiquement dénoncé l’invasion de la Russie, notamment sur les réseaux sociaux, avant d’être immédiatement arrêté. Début mai, le jury 2024 des prix Pulitzer avait décidé d’honorer l’opposant russe, pour «ses articles passionnés écrits au péril de sa vie depuis sa cellule de prison».
Depuis sa (très) lourde condamnation, les appels à la libération de Vladimir Kara-Murza se multiplient. En avril, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, avait condamné le «mépris flagrant» du Kremlin à l’égard de la santé de l’opposant binational, dénonçant des «conditions de détention dégradantes et inhumaines, clairement conçues pour nuire davantage à son bien-être physique et mental». Le 16 février 2024, le principal opposant russe Alexeï Navalny est mort dans sa prison de l’Arctique, dans des circonstances qui restent à ce jour troubles.